Le sinistre mis en cause pour viol qui nous sert de ministre de l’intérieur vient d’annoncer des mesures censées nous préserver de la brutalité policière, tout en accordant l’anonymat aux policiers en rendant délictuelle la diffusion d’images de policiers commettant des violences.

Parmi ces mesures, Darmanin annonce que tout tir de LBD serait désormais supervisé par un autre agent de police que le porteur de l’arme, mesure dont on a vu toute l’hypocrisie dans l’utilisation des GLI F4 : souvenez-vous, après la mort de Rémi Fraisse, Bernard Cazeneuve avait décidé de « durcir les modalités d’emploi des grenades lacrymogènes à effet de souffle, dites “GLI” pour grenade lacrymogène instantanée », affirmant que « l’utilisation de ces munitions devra se faire en binôme, un binôme composé du lanceur lui-même et d’un superviseur ayant le recul nécessaire pour évaluer la situation et guider l’opération ».

Maxime, Sébastien, Antoine, Gabriel, Frédéric et Ayhan seront ravis d’apprendre que les lancers de grenade qui leur ont arraché la main étaient eux aussi, a priori, « supervisés »…

Sans parler du commandant du GIPN Gérald Sein, qui a eu la main arrachée en dégoupillant sa grenade dans l’habitacle de son véhicule lancé à toute vitesse dans le quartier du Chaudron (La Réunion) le 21 novembre 2018 : quel protocole ? Quel superviseur ? Quelles suites au fait qu’il a aussi blessé ses collègues ?

Autre mesure grandiloquente du sinistre : l’adoption définitive de la nouvelle grenade de désencerclement (GMD) produite par SAE Alsetex, la GENL, vendue comme « moins dangereuse », car moins sonore et projetant moins en hauteur.

Balivernes ! La GENL n’est que la soeur jumelle des autres grenades de désencerclement, et les arguments de vente de son fabricant ne sauraient nous induire en erreur : une grenade est une grenade.

Tous les fabricants français produisent des grenades de désencerclement : SAPL, Verney-Caron, Alsetex, et même la nouvelle petite startup de la mort Redcore SAS.

La grenade utilisée jusqu’à présent, la DMP / DBD du marchand de douleur SAPL, produisait une détonation de 155 à 160 décibels, soit au moins 45 décibels au dessus du concert de rock, 35 au dessus du tir à balle réelle et du marteau-piqueur, 25 au dessus du coup de tonerre et 15 au dessus de l’avion à réaction au décollage.

Si l’on en croit la brochure publicitaire d’Alsetex, la GENL n’émettrait qu’une détonation de 144 décibels.

Le seuil de douleur entrainant un risque de surdité est établi à 120 décibels. Tout est dit.

Pour ce qui est des projections de la grenades, l’argument selon lequel la nouvelle grenade limiterait les projections en hauteur est tout bonnement falacieuse et mensongère, pour la seule et bonne raison que la grenade une fois lancée rebondit et tourne sur elle-même, peut retomber dans n’importe quelle sens et n’est jamais lancée par les policiers selon le protocole théorique défini (roulée au sol). Dans la plupart des cas, elle explose en hauteur et alors même qu’elle n’a pas atteint le sol. Dans nombre de cas, elle a été lancée en cloche et expose à hauteur de tête.

Encore une fois, on essaye de nous vendre ce mythe selon lequel une bonne formation et un bon protocole d’utilisation pourraient faire d’une arme autre chose que ce pour quoi elle a été conçue : blesser, voire tuer.

Le lanceur de grenade a autant de contrôle sur la direction des plots de caoutchouc que l’industrie nucléaire n’a de contrôle sur ses déchets à vie longue, c’est à dire AUCUN.

La grenade de désencerclement a cette caractéristique d’être une arme indiscrimante qui frappe la foule sans permettre à son lanceur de « viser quelqu’un », c’est à dire qu’elle blesse et mutile de façon tout à fait arbitraire entre 1 et 18 personnes situées dans un périmètre donné. Censée être utilisée lorsqu’un policier est en position de « légitime défense » et pour se « désengager » d’une situation où il serait pris au piège par une foule hostile, les grenades de désencerclement sont en réalité systématiquement utilisées comme armes d’attaque pour disperser la foule en dépit de toute situation de légitime défense. Il est tout à fait établi que l’utilisation de ces armes a pour objectif de frapper les corps et de terroriser la foule, s’ajoutant à toute une série de dispositifs policiers visant à punir toute vélléité de contestation qui ne rentrerait pas dans les clous fixés par la préfecture. Ce sont des dispositifs contre-subversifs utilisés par un pouvoir totalitaire.

Toutes ces grenades, quels que soient les fabricants de douleur qui les fabriquent, projètent 18 plots de caoutchouc d’environ 9 à 10 grammes sur un périmètre de 10-15 mètres de rayon et avec une vitesse de 95 mètres par seconde.

Darmanin ne change rien, il ne fait qu’entériner un processus de militarisation engagé il y a 20 ans par Nicolas Sarkozy, faisant encore une fois de l’entreprise de mort SAE Alsetex (fabricante de mines antipersonnel dans les années 1980) le fournisseur principal d’armes de guerre à usage civil (c’est la même entreprise qui fournit la nouvelle munition de LBD40, la GM2L venant remplacer la GLI F4, les grenades lacrymogène CM6 et CM3, et qui produisait l’OF F1 qui a tué Rémi Fraisse : beau palmarès !).

Tels d’infantiles va-t-en-guerre, les criminels qui nous gouvernent ont décidé de faire de la guerre leur modus vivendi. Leur contre-insurrection sanglante n’a pas de limite.

DESARMEMENT, DESINVESTISSEMENT, DEMANTELEMENT !

 

Pour aller plus loin :

Suite au 1er mai 2016 à Paris : Autopsie de la grenade de désencerclement

Nouvelle grenade de désencerclement TANN-DMP : Redcore SAS, le petit marchand de douleur qui voulait être grand

Grenades de désencerclement D.B.D.

Laurent Theron, blessé à l’oeil le 15 septembre 2016 à Paris

Entretiens avec Laurent Théron, éborgné par une grenade de désencerclement le 15 septembre 2016

Témoignage – Histoire policière d’une grenade de désencerclement

Le 25 juin 2013, des policiers mutilaient Fatouma Kébé à Villemomble. 5 ans après, ils sont acquittés.

Du nouveau dans l’affaire de Maud Carretta, éborgnée par une grenade de police à Grenoble le 16 mai 2007