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Il faut dire ce qui est : on est le plus souvent réprimé dans un silence absolu.

Parfois, et c’est souvent contre notre gré, une fenêtre médiatique s’ouvre sur ce que nous vivons, nous éclaire le temps d’un buzz, puis se referme aussi vite qu’elle s’est ouverte, nous laissant seuls avec les conséquences de la répression qu’on a subi. Parfois cette fenêtre s’ouvre plusieurs fois. Et c’est aussi à cette occasion qu’on comprend combien le fait de ne pas être tout à fait inconnu protège. Ici je veux revenir sur les circonstances et raisons d’un acharnement.

Ce qu’être “fiché S” implique…

Lundi 25 mars 2019 à 18h05, je descendais d’un train au retour de Biarritz et Bayonne, où le collectif Oldartu et d’autres militants locaux m’avaient invités pour parler de contrôle des foules, d’armements policiers et d’autodéfense face aux violences d’Etat. Une présentation que je fais depuis plusieurs années pour informer, dans une perspective de lutte et d’éducation populaire.

En 2012, le collectif que j’ai participé à créer, Désarmons-les !, publiait une brochure intitulée « Les armements du maintien de l’ordre, mieux les connaître pour mieux s’en prémunir ». L’actualité des Gilets Jaunes a donné un sens particulier à cette formule. Au regard du bain de sang de ces derniers mois, beaucoup plus de gens ont été confrontés à ce que Mathieu Rigouste appelle l’enférocement répressif des forces de l’ordre et en trois mois, nous avons eu autant de personnes civiles mutilées par les forces de l’ordre qu’en 20 ans.

Dans le cadre de cette présentation, qu’on pourrait appeler pompeusement « conférence » si j’avais un statut universitaire quelconque, je trimballe avec moi une petite sacoche remplie de cadavres de munitions : 4 grenades lacrymogènes PLMP7, 1 grenade lacrymogène MP7, 1 grenade lacrymogène CM6, 2 grenades lacrymogènes CM3, 1 grenade lacrymogène MP3, 1 grenade de désencerclement DMP, 1 grenade lacrymogène instantanée GLI F4, 2 grenades lacrymogènes instantanées GM2L, 1 munition de Flash-ball, 4 munitions de LBD 40, ainsi qu’une série de propulseurs DPR de 56 et 40 mm.

Voir vidéo descriptive au bas de cet article.

Précisons que ces munitions sont toutes inertes, du fait que leurs systèmes pyrotechniques de mise à feu (mèche lente et détonateur) ont déjà été consumés et que leurs bouchons d’allumages sont dépourvus de leurs systèmes de percussion (percuteur et verrou). En l’occurrence, ce sont des déchets que les forces de l’ordre laissent abondamment sur le sol après chaque manifestation, sans que ça ne semble leur poser un problème de sécurité, sans parler des conséquences écologiques et sanitaires de ce type de pratique…

Ce 25 mars, je suis l’un des derniers voyageurs à quitter le train à son arrivée Gare Montparnasse. Au bout du quai, je vois des agents de la police ferroviaire qui contrôlent un couple de voyageurs. Je suis incapable de dire s’ils sont accompagnés d’un policier d’un autre service. L’un d’eux m’arrête au passage et me demande d’ouvrir ma valise. Je pense que ce contrôle était entièrement fortuit. Après avoir remué mes affaires personnelles, il s’intéresse à ma sacoche remplie de munitions. Je le préviens, afin qu’il n’aie pas une réaction stupide en découvrant les ogives de grenades. Je suis aussitôt contraint de les suivre au poste de police de la gare et empêché d’utiliser mon téléphone pour prévenir ma petite amie avec qui j’ai rendez-vous.

Au poste, une demie douzaine de policiers s’agglutinent autour de mon bagage et prennent en photo les munitions avec leurs téléphones personnels après les avoir étalées sur une table. On me pose des questions sur la raison de leur présence dans mes bagages. J’évoque les conférences, mais refuse d’en dire davantage sans présence de mon avocate.

En moins de 10 minutes, je suis embarqué et transféré au commissariat du 7ème arrondissement, où je suis aussitôt placé en garde-à-vue pour « port d’arme prohibée de catégorie A » et « non respect d’un contrôle judiciaire ». Je suis méticuleusement fouillé et on me dit « vous êtes très connu de nos services, votre fiche est un livre ».

La suite, c’est une garde-à-vue tout ce qu’il y a de plus classique. Les cellules sont infectes, la France n’a toujours pas instauré de kit d’hygiènes contrairement à ses voisins européens, c’est toujours l’entreprise “Bocage” qui fournit l’innommable bouffe des gardés-à-vue et la plupart des co-détenus sont là pour des « Infractions à la Législation sur les Stupéfiants (ILS) ».

Autour de 23 heures, je vois mon avocate avant d’être auditionné. On m’interroge sur la provenance et la nature de ces munitions, ainsi que l’usage que j’en fais. Je réitère ma première déclaration et conserve le silence lorsque l’Officier de Police Judiciaire cherche à me mettre en défaut en posant la grenade DMP sur son bureau entre lui et moi. Il est évident qu’il s’agit d’une vulgaire maquette reconstituée avec de la super glue, ce qui sera précisé par mon avocate en fin d’audition.

A ce moment précis, l’OPJ confie dans un souffle que l’état major lui met la pression depuis deux heures concernant cette affaire, et je me rend compte que les autres OPJ sont tous sur mon dossier en plus des autres affaires (stup et défaut de permis).

Ce qu’il se passe entre mon placement en garde-à-vue et la fin de la perquisition le lendemain, je vais vous le dire, parce que j’ai désormais une triste expérience de ces pratiques, qu’un journaliste du Point ou de LCI doit certainement connaître s’il n’est pas juste une triste marionnette à la solde de la Préfecture de Police.

Les activités des services de renseignement sont essentiellement celles d’une police politique. Et notamment les pôles chargés de surveiller les « extrémismes violents », aussi appelés « division des faits religieux et mouvances contestataires », qu’on retrouve aussi bien à la Direction des Renseignements de la Préfecture de police de Paris (DRPP), au Service Central du Renseignement Territorial (SCRT) ou à la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI). Les uns et les autres alimentent des fiches inscrites au Fichier des Personnes Recherchées (FPR) et portant diverses mentions, « S » pour « Sûreté de l’Etat » (méchant-e et dangereux/se), « J » pour « Judiciaire » (soumis-e à un contrôle judiciaire), « E » pour « Étranger » (en infraction à la loi sur les étrangers), etc.

Et il faut savoir que nombre d’agents des services de renseignements sont nourris d’idées toutes faites sur l’histoire et la société, bercés d’un anti-communisme et de sentiments islamophobes primaires, mais aussi et surtout, sont complètement dévoués à protéger les intérêts de l’État, quand bien même celui-ci deviendrait totalitaire. Par conséquent, mes engagements politiques, vieux d’une douzaine d’années, n’ont sans doute pas échappés aux yeux de ce Big Brother, comme pour nombre d’autres militant-es politiques radicaux/les.

Durant la période 2009-2011, mon chemin croise celui d’un agent local de la Sous-Direction de l’Information Générale (SDIG, ancêtre du SCRT), Philippe Patisson (voir ici : https://juralib.noblogs.org/2012/04/15/un-bon-flic-est-un-flic-qui-demissionne-aujourdhui-on-est-totalement-discredites/), qui travaille à déstabiliser les groupes politiques que je fréquente à l’époque. Puis, fin 2014, je suis piétiné dans une petite rue par une équipe de bras cassés de la Brigade d’Information de la Voie Publique (BIVP, renseignements de terrain de la Préfecture de Paris). Je porte plainte contre eux et l’enquête est confiée à l’IGPN, qui me confronte avec mes agresseurs au printemps 2015.

Description des BIVP (Note N°24 / 2016) : « Ils sont les interfaces avec les services d’enquête et sont susceptibles d’établir un certain nombre d’actes judiciaires ou de recueillir des renseignements ou informations utiles pour les officiers de police judiciaire (OPJ) »

Fin 2015 je suis assigné à résidence sur la seule base de « notes blanches » rédigées par les renseignements. Nous ne saurons jamais quel(s) service(s) rédige(nt) ces notes blanches et si la BIVP y contribue.

J’avais publié un récit sur Paris-luttes.info en décembre 2015 : https://paris-luttes.info/les-bonnes-pratiques-des-services-4607

Début 2016, je suis interpellé à deux reprises alors que je suis juste présent en manifestation. Accusé de violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, je suis mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. D’abord « interdit de manifester », j’obtiens la modification de mon CJ par la chambre de l’instruction en mai 2016, qui décide cyniquement de l’alourdir, en m’interdisant de « me rendre sur Paris ». Je reste donc interdit de Paris durant plusieurs mois jusqu’à la levée du CJ, qui interviendra début 2017.

Pour autant, la « fiche J » du FPR ne sera jamais mise à jour. Oui, le FPR peut ne pas être à jour, de la même façon qu’un journaliste du Point ou de LCI. A l’été 2017, je serai donc placé une vingtaine d’heures en « rétention judiciaire » suite à un simple contrôle d’identité en marge d’une manifestation, les policiers estimant que j’étais toujours « interdit de manifester ».

Pour certains, un simple contrôle reste un simple contrôle, pour d’autres, c’est une angoisse quotidienne et ça peut amener très vite à perdre 24 heures de sa vie.

Au cours du printemps 2016, des policiers m’apportent à domicile, à plusieurs reprises, jusqu’à cinq « interdictions administratives de paraître » (dites « interdictions de manifester »), justifiées par des notes blanches qui s’appuient sur l’assignation à résidence, donc sur d’autres notes blanches, mais également sur le fait que j’ai été arrêté et mis en examen à deux reprises en début de mobilisation contre la Loi Travail, et alors que l’instruction est en cours et que je suis censé bénéficier de la présomption d’innocence. Ce n’est pas la première fois que des mesures administratives, et donc les services de renseignements, esquivent le juge judiciaire pour juger de la culpabilité d’une personne.

Voilà comment se construit la figure d’un « leader de l’ultragauche » (formulation antérieure à la création de la DGSI) ou de la « mouvance contestataire radicale » (nouvelle formulation depuis la création de la DGSI). Étonnamment, notre appellation varie avec les réformes des services de renseignements…

Le mardi 26 mars 2019 au matin, j’assiste à l’exploitation de mon téléphone. Il est éteint et je n’ai pas de codes à leur donner. Pareil pour mon ordinateur. Pour autant, des images sont copiées depuis la carte micro SD de mon téléphone. On y voit des selfies devant les cicatrices des Champs Elysées, clichés pris bien après la fin des manifestations, mais également des photos touristiques du Pays Basque, ainsi que des certificats médicaux de personnes mutilées par la police, des images de violences policières téléchargées sur internet et les copies d’écran de deux conversations dans lesquelles Désarmons-les ! a été menacé par des gens qui n’apprécient pas la liberté de ton de certaines de nos publications.

On m’annonce ensuite qu’on va procéder à une perquisition de mon domicile en début d’après-midi, suite à quoi je serai auditionné à deux reprises sur les images copiées depuis mon téléphone et sur la perquisition.

Titre anxiogène du Point, 26 mars 2019 à 13h5

J’apprendrai après ma sortie de garde-à-vue qu’entre-temps, deux journaflics du Point et de LCI ont eu accès à mes fiches de renseignement et au contenu de l’enquête, ce qui est passible de correctionnelle : violation du secret de l’enquête pour la taupe policière, recel pour les journalistes qui révèlent ces informations. Pour couronner le tout, les chiens de garde qui d’habitude se contentent de titrer “un individu” balancent un prénom et l’initiale d’un nom pour me désigner, comme s’il était normal et entendu de jeter une personne bénéficiant de la présomption d’innocence en pâture à ses lecteurs (les lecteurs fascisants du Point qui réclament à corps et cris sévérité, peine de mort et retour aux camps de travail, se sont d’ailleurs empressés de me souhaiter tout ce que leur sadisme pouvait imaginer de pire).

Plus de précisions sur les fuites du Point et de LCI, avec l’article de réponse publié durant ma garde-à-vue : https://desarmons.net/index.php/2019/03/26/les-chiens-de-garde-et-le-pilori/

L’article du Point paraît à 13h56. Ces révélations dans la presse à petits potins et à grands scandales ont du passablement énerver des gens à la préfecture de Police, qui n’avaient toujours rien de très concret à offrir au lectorat de la presse poubelle pour alimenter le sensationnalisme de Zemouri et Brenier. A 15 heures, c’est donc pour mes détracteurs la perquisition de la dernière chance : l’état major espère certainement y trouver un sac de grenades en état de marche, des stocks de TNT et autres explosifs, histoire de ne pas perdre la face.

Raté, la perquisition est négative. Mon domicile, intégralement sniffé par Fenzy, un chien renifleur d’explosifs, ne leur livrera aucun secret subversif. Et ce ne sont certainement pas les trois débiles de la BAC qui auraient aidé à quoi que ce soit, trop occupés à faire des commentaires sur mon standing de vie après avoir fait des blagues sur les chinois et la conduite à risque du conducteur pendant tout le trajet.

A mon retour au commissariat, l’affaire est classée sans suite en un temps record (moins de deux heures) et les policiers renoncent même à me faire passer les auditions promises (c’est pourtant le protocole après avoir copié des images et documents privés depuis mon téléphone).

A 17h30, mes avocates déposent une plainte contre X pour “violation du secret de l’enquête” visant le policier à l’origine de la fuite et une plainte pour “recel” visant le journaliste qui a récupéré et diffusé les informations me concernant.

A 18h15 pétante, on me fait signer un étonnant rappel à la loi pour « port d’arme de catégorie C » (quand on sait que d’autres vont parfois en prison pour un opinel) et on me rend mon dangereux arsenal, après avoir vérifié que j’avais bien pris mon dernier repas (sic). L’OPJ, très sympa (si si), me dit qu’il regrette que le FPR n’aie pas été mis à jour et m’assure qu’il a demandé au magistrat de faire les démarches nécessaires. Sur le bureau, un dossier à mon nom gros comme une ramette de papier, avec l’enquête et les photos en couleur de mon téléphone. « Le magistrat s’en fout » me dit l’OPJ avant de me laisser partir. Pour autant, je sais comment ça marche : ce dossier n’ira pas au pilon. Je ne serai pas étonné qu’il serve à alimenter d’autres investigations, ou les petits papiers glissés dans la poche d’un journaliste du Point ou de LCI.

Aziz, tu veux bien me filer la copie intégrale de mon dossier, en commençant par le PV d’interpellation ? Visiblement t’as plus d’info que moi, alors si j’oublie les codes d’accès à mon ordi, jt’appellerai 😉

Je crois que la préfecture de police et le Parquet ont rétropédalé pour s’éviter un nouveau scandale ou un fiasco judiciaire. Je remercie infiniment toutes les personnes qui ont contribué à ne pas laisser la répression s’accomplir en silence et qui ont réagi rapidement pour remettre les choses à leur place, me soutenir et m’accueillir à ma sortie de garde-à-vue.

Ne laissons pas les autorités nous intimider par leurs pratiques mafieuses. Continuons le combat.

Désarmons-les! existe parce que vous luttez. Force à toutes celles et ceux qui ne se laissent pas faire.

 

P.S. : l’un des policiers de la BIVP qui m’ont tabassé le 8 novembre 2014 passe en comparution au TGI de Paris le 18 avril prochain. Vous êtes vivement invités à lui souffler à l’oreille que vous trouvez son travail formidable 😉

Ci-dessous, quelques textes de soutien :


COMMUNIQUE DE DESARMONS-LES! ET DE L’ASSEMBLEE DES BLESSES

 

Ian B., membre du collectif Désarmons-les interpellé à Paris !

Ce lundi 25 mars en fin d’après-midi, alors qu’il rentrait d’une conférence qu’il dispensait sur le maintien de l’ordre, Ian B, membre de notre collectif a été interpellé à sa sortie du train.

Il a été placé en garde à vue pour port d’arme prohibée, en l’occurence des munitions vides qui illustraient son exposé et qu’il transportait sur lui.

Il est actuellement détenu dans les locaux du commissariat du 7ème arrondissement.

On ne peut s’empêcher de lier cet événement au travail de fond, de recensement et d’accompagnement des blessé.e.s, qu’accomplit notre collectif depuis plusieurs semaines afin de visibiliser les violences policières inédites que subissent les Gilets Jaunes.

Nous dénonçons cette interpellation aux allures d’enlèvement, qui s’apparente aux agissements d’une police politique, dont les intimidations vont croissantes à l’encontre des acteurs de la contestation sociale. Nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle de Ian et la restitution de l’intégralité de son matériel de conférence !

Le Collectif Désarmons-les

 

COMMUNIQUE DE L’ASSEMBLE DES BLESSE-ES

APPEL A RASSEMBLEMENT

Ce lundi 25 mars en fin d’après-midi, alors qu’il rentrait d’une conférence qu’il dispensait sur le maintien de l’ordre, Ian B, membre de Désarmons-les et de l’Assemblé Des Blessé-es, a été interpellé à sa sortie du train.

Il a été placé en garde à vue pour port d’arme prohibée, en l’occurrence des munitions vides qui illustraient son exposé et qu’il transportait sur lui.

Il est actuellement détenu dans les locaux du commissariat du 7ème arrondissement.

On ne peut s’empêcher de lier cet évènement au travail de fond, de recensement et d’accompagnement des blessé-es, qu’accomplissent nos collectifs depuis plusieurs semaines afin de visibiliser les violences policières que subissent les Gilets Jaunes, et depuis de nombreuses années sur les habitants des quartiers populaires, et tout ceux qui luttent.

Ian est un spécialiste reconnu pour ses expertises sur l’usage disproportionné de la force dans le maintien de l’ordre, ses articles sur la dangerosité des armes ont largement été diffusé dans la presse nationale, et de nombreux médias audio et télévisuels ont fait appel à lui. En plein débat sur les armes mutilantes, ses interventions sur le sujet ont permis d’informer la population sur la nocivité de ces armes de guerre, voire d’identifier les projectiles et notamment les grenades (confondues avec les fumigènes) et ainsi éviter des mains arrachées.

Il est évident que l’état veux faire payer à Ian son soutien aux victimes des forces de l’ordre, blessées, ou tuées.

Nous dénonçons cette interpellation aux allures d’enlèvement, qui s’apparente aux agissements d’une police politique, dont les intimidations vont croissantes à l’encontre des acteurs de la contestation sociale.

Nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle de Ian et la restitution de l’intégralité de son matériel de conférence !

RENDEZ-VOUS 18H, AU COMMISSARIAT DU 7e ARRONDISSEMENT,

9 RUE FABERT (ESPLANADE DES INVALIDES).

Assemblé Des Blessé-es, des Familles et des Collectifs contre les violences policières.


COMMUNIQUE DE LA DYNAMIQUE DES JEUNES “OLDARTU”

 


Communiqué unitaire suite à l’arrestation de Ian.B

Communiqué unitaire du 26 mars 2019 :

Lundi 25 mars en fin d’après-midi, alors qu’il rentrait d’une conférence qu’il dispensait sur
le maintien de l’ordre, Ian B, a été interpellé à sa sortie du train. Il est membre du collectif « désarmons-les », collectif connu pour ces travaux contre les violences policières. Il était intervenu en tant que « témoin -expert » à la soirée « commission d’enquêtes » sur la répression, les violences policières et la loi anti-manifestation que nous avons unitairement organisée et qui a fait salle comble à la bourse du travail le 20 mars dernier. Ian a été placé en garde à vue pour port d’arme prohibée, en l’occurence des munitions vides qui illustraient son exposé et qu’il transportait sur lui. Il est actuellement détenu dans les locaux du commissariat du 7ème arrondissement.

On ne peut s’empêcher de lier cet événement au travail de fond, de recensement et d’accompagnement des blessé.e.s, qu’accomplit ce collectif depuis plusieurs semaines afin de visibiliser les violences policières inédites que subissent les Gilets Jaunes.

Après les blessures graves de la militante d’ATTAC que le pouvoir justifie par les interdictions de manifester qu’il prononce, arrive-t-on désormais au stade où celles et ceux qui s’y opposent seront arrêté-es ?

Nous dénonçons cette interpellation, et la criminalisation grandissante des acteurs-trices du mouvement social. Nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle de Ian.

Signataires :

ATTAC
Comité vérité et justice pour Adama
DAL
Copernic
Union syndicale Solidaires
UD CGT 75
NPA
Ensemble
GDS
Coopérative Politique Ecologie Sociale

 


TRIBUNE UNITAIRE

Soutien pour Ian B. ! Désarmons la police, pas ceux qui sont solidaires des blessé-e-s !

Lundi 25 mars en fin d’après-midi Ian B., membre du collectif contre les violences policières« Désarmons-les » et de “l’Assemblée des blessé-e-s”, a été arrêté à Paris en descendant du train qui le ramenait d’une conférence. Comble du cynisme, on lui reproche le « porte d’arme prohibé de catégorie A », parce qu’il détenait des munitions usagées et inactives utilisées comme supports de conférence.

Nous appelons « personnalités publiques » et organisations à signer massivement cette tribune en envoyant votre signature à l’adresse soutiendesarmonsles@riseup.net avant mardi 26 mars minuit, ou au plus tard mercredi 27 à midi.

Lundi 25 mars, en fin d’après-midi, Ian B., membre des collectifs de lutte contre les violences policières « Désarmons-les » (https://desarmons.net/) et “l’Assemblée des blessé-e-s” (https://www.facebook.com/assembleedesblesses/) a été arrêté à la gare Montparnasse à la sortie de son train, alors qu’il revenait du pays Basque où il avait donné une conférence sur les armes de la police. Ce qu’on lui reproche ? « Port d’arme prohibé de catégorie A ». Un délit passible de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. En garde à vue depuis 24h au commissariat du 7ème arrondissement à l’heure où nous écrivons ces lignes, nous appelons à sa libération immédiate et à l’abandon de toute poursuite.

Les « armes prohibées » que Ian transportait sont des munitions vides et usagées tirées par les forces de l’ordre. Depuis des années elles sont fréquemment utilisées comme supports pédagogiques lors des dizaines de présentations que le collectif mène partout en France sur les techniques du maintien de l’ordre. Comme par exemple, à la faculté de médecine le 22 novembre 2018, lors d’une conférence intitulée “armes de la police et blessures de guerre” (https://desarmons.net/index.php/2018/11/10/22-et-24-novembre-2018-deux-evenements-a-venir-contre-les-armes-de-police/).

Contrôle lambda ? Opération politique planifiée ? À ce stade difficile de savoir. Ce qui est sûr c’est qu’il n’a pas fallu attendre longtemps pour que quelques médias dominants en fassent le « fiché S d’ultra-gauche » de service (https://www.lepoint.fr/societe/un-fiche-s-d-ultragauche-qui-transportait-des-grenades-en-garde-a-vue-26-03-2019-2303887_23.php), dont la détention “d’un véritable arsenal de maintien de l’ordre” attesterait de la dangereuse radicalisation des dizaines de milliers de gilets jaunes. Un modèle de journalisme de Préfecture qui légitime opportunément le tournant répressif hallucinant pris depuis des semaines.

« Mais puisqu’on vous dit qu’ils sont prêt à tuer : vous voyez, ils vont jusqu’à transporter des armes ! » semble-t-on lire entre les lignes. Les titres racoleurs occultent le caractère politique de cette interpellation : museler ceux qui depuis des années alertent sur le scandale des armes de la police et soutiennent les victimes des forces de l’ordre.

Créé il y a près de 7 ans, l’histoire du collectif Désarmons-les suit celle de l’inexorable généralisation des violences policières dans les dernières années : des quartiers populaires aux ZAD et aux luttes sociales, et aujourd’hui aux dizaines de milliers de gilets jaunes qui manifestent depuis plus de 4 mois partout en France.

Le collectif est créé en 2012 en réaction à la répression policière massive contre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et la lutte anti-THT du Chefresne en Normandie : un niveau de violence policière inédit dans les luttes écologistes en France depuis des années. Rapidement, le collectif participe, avec les premiers concernés, à documenter les violences et crimes policiers qui se déroulent de manière systémique dans les quartiers populaires.

En 2014, suite à la mort de Rémi Fraisse à Sivens et aux nombreuses personnes éborgnées par des flashball les années précédentes, le collectif participe à constituer « l’Assemblée des blessées » (https://www.facebook.com/assembleedesblesses/), qui regroupe des dizaines de personnes blessées partout où la police mutile en France : quartiers populaires, stades de foot, luttes sociales, territoires en lutte, et maintenant les rond-points.

En 2016 la répression policière du mouvement contre la loi Travail augmente encore d’un cran. « Désarmons-les » participe à mettre en place un accompagnement juridique pour les blessé-e-s et victimes des violences policières qui le demandent, pour multiplier les recours administratif et faire condamner l’État.

Depuis novembre 2018 et le début du mouvement des gilets jaunes, un nouveau palier est franchi. Les blessures de guerre entraînée par ces armes soi-disant « sublétales », mais interdites partout ailleurs en Union Européenne, sont plus visible que jamais, généralisées à des centaines de personnes. Selon les derniers inventaires, 279 personnes ont été gravement blessées en 4 mois. C’est cinq à six fois plus qu’au cours des vingt dernières années.

Toutes ces images d’yeux éborgnés, de mains arrachés, de machoires fracturées, à la limite de l’insoutenable, circulent massivement. Plus personne ne peut ignorer que les forces de l’ordre française mutilent, blessent, tuent. Nul ne peut contester qu’elles sont les derniers paravent d’une oligarchie autoritaire prête à tout pour conserver son pouvoir. Cette prise de conscience massive, étayée par des faits documentés, nous la devons parmi tant d’autres au travail salutaire mené depuis des années par « Désarmons-les ».

Alors s’il y a des « armes prohibées » à saisir, ce ne sont pas celles inactives qui servent à des conférences. Ce ne sont pas celles, usagées, qui servent à mieux se protéger en connaissance de cause dans les manifestations ou les quartiers populaires. Ce sont bien celles bien actives, offensives, explosives, qui pleuvent par milliers sur les manifestants depuis des années.

Cette arrestation est à nouveau l’occasion d’appeler, plus que jamais, à interdire les grenades offensives et le LBD 40.

Nous dénonçons cette arrestation aux apparences de police politique.

Nous appelons à la libération de Ian B., la restitution de son matériel de conférence, et l’abandon des poursuites absurdes qui pèsent sur lui.

Nous appelons à nous dresser face à cette criminalisation de la contestation politique et à résister de toutes nos forces à l’avancée brutale de l’autoritarisme.

PREMIERS SIGNATAIRES (envoyez votre signature à l’adresse soutiendesarmonsles@riseup.net)

Jérôme Baschet, historien

Ludivine Bantigny, historienne

Bertrand Berche, universitaire

Éric Beynel, porte-parole de Solidaires

Béatrice Bloche, universitaire

Sylvaine Bulle, sociologue

Isasbelle Cambourakis, éditrice

Philippe Corcuff, sociologue

Gaspard d’Allens, journaliste

Jean-Jacques Delfour, philosophe

Ingolf Diener, anthropologue

Jean-Michel Faure, sociologue

Jacques Fradin, mathématicien

Ninon Grangé, philosophe

Caroline Guibet Lafaye, sociologue

Mathilde Larrère, historienne

Sandra Laugier, philosophe

Stéphane Lavignotte, pasteur et militant

Ïan Larue, professeure des universités

Frédéric Lordon, philosophe

Christian Mahieux, cheminot retraité

Serge Quadruppani, écrivain et traducteur

Pascale Maillard, universitaire et syndicaliste

Roland Pfefferkorn, sociologue

Geneviève Pruvost, chercheuse

Juliette Rouchier, directeur de recherche au CNRS

Juliette Rousseau, autrice et militante

Albert Ogien, directeur de recherche au CNRS

Alessandro Stella, directeur de recherche au CNRS

 

 


Et comme il n’y a pas que des journalistes à la botte, voici quelques articles sur cette affaire :