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Nous avions vu apparaître courant 2016 une nouvelle arme de 40 mm, qui faisait penser aux sulfateuses des gangsters américains des années 1920. Plusieurs photographies prises dans plusieurs ville montraient des CRS munis de cette nouvelle arme à barillet multiple, mais aucune d’elle ne les montrait en train de s’en servir, comme s’il s’agissait de les distribuer d’abord dans l’espace public pour qu’on s’habitue visuellement à leur présence.

Nous avions d’abord pensé qu’il s’agissait d’un Arwen, puis nous avons très vite découvert qu’il s’agissait en vérité du fusil PGL 65 du fabricant américain Combined Systems (CSI / CTS), aussi appelé « Riot gun Penn Arms ».

Le Penn Arms est une arme de 40 mm, longue de 86 cm et pèse 5 kilogrammes. Elle peut tirer jusqu’à 6 cartouches en 4 secondes sur une distance de 150 mètres.

Combined Systems est une entreprise fondée en 1981 et possédée par Carlyle Group et Point Lookout Capital. Elle est basée à Jamestown en Pennsylvanie (d’où le nom « Penn arms »).

Jusqu’alors, la France n’achetait à Combined Systems que ses balles de caoutchouc destinées au Lanceur de Balles de Défense de 40 mm (LBD40), fusil mono-coup de fabrication suisse en dotation chez les forces de l’ordre depuis 2005-2007, mais la firme américaine s’était vue voler le marché par le fabricant français SAE Alsetex quelques mois auparavant, le 12 février 2016 (Avis n°16-19265). Il nous est alors apparu clair comme de l’eau de roche que l’acquisition des Penn Arms constituait une sorte de « lot de consolation » offert à Combined Systems : un marché de perdu, un autre de retrouvé.

Le Penn Arms était alors en expérimentation et ce n’est que le 5 août 2017 que le Ministère de l’Intérieur a lancé une commande pour l’acquisition de grenades de 40 mm adaptée à cette arme, les grenades fumigènes lacrymogène CM3. Le marché a été attribué officiellement le 16 mai 2018 au fabricant français SAE Alsetex (Avis n°18-68665).

Le 14 avril 2018, les nouvelles grenades CM3 sont déjà utilisées à Nantes lors d’une manifestation en soutien à Notre Dame des Landes.

Lors des manifestations des gilets jaunes de novembre et décembre 2018, le Penn Arms est massivement utilisé. On ne sait pas s’il a été employé uniquement avec des grenades lacrymogènes ou également avec des balles de caoutchouc.

Finalement, au regard des 12 personnes éborgnées et des centaines de blessés du mois écoulé, le gouvernement semble avoir jugé l’arme suffisamment efficace pour lancer un appel d’offre le 26 décembre 2018 (Avis n°18-179674) pour l’acquisition de 180 lanceurs multi-coups 6 coups et de 270 lanceurs multi-coups 4 coups, sans compter l’acquisition de 1280 LBD 40 supplémentaires.

Les candidats ont jusqu’au 22 mars 2019 pour répondre à l’appel d’offre. Ne doutons pas que le marchand de douleur américain Combined Systems remportera la mise, dans la mesure où aucune des entreprises françaises d’armement ne propose à ce jour de fusils de ce type…

Le prix d’achat d’un fusil Penn Arms est de 2600 à 3000 euros. 450 fusils revient donc à un budget approximatif de 1,35 millions d’euros.

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