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A partir de la fin des années 1990, Charles Pasqua commence à importer en France les pratiques de police nord-américaine. C’est notamment l’arrivée entre les mains des policiers français des premières armes “sublétales” ou “à létalité atténuée” ou encore “semi-létales”, et notamment le Flashball.

Produit par Verney Carron, le pistolet Flashball de 44 mm n’est pas adapté au maintien de l’ordre. Il n’équipe alors que les équipes de la BAC, fraichement reformées par Pasqua pour mener la guerre à la criminalité. Le concept d’anticriminalité n’a alors que dix petites années dans le lexique des officiers de police français (voir notre article sur le Flashball).

Après les émeutes de 2005 (Clichy sous Bois) et 2007 (Villiers le Bel), les unités de police intervenant se plaignent du manque d’efficacité de leur équipement et du fait que le Flashball, imprécis et peu puissant, n’est pas adapté à des opérations de maintien de l’ordre.

Le ministère de l’intérieur français se fournit alors en nouvelles armes auprès du fabricant suisse, Brüger et Thomet. C’est à ce moment qu’apparaît le Lanceur de Balles de Défense de 40 mm (LBD 40 ou GL06-NL).

Le fabricant français SAPL vend également à l’Etat français le Grenade de désencerclement (DBD / DMP), qui équipe la police depuis 2007 (voir notre article sur la grenade de désencerclement).

Ces armes et la loi pour la sécurité intérieure de 2003 (Loi Sarkozy) qui encadre leur utilisation perturbent les cadres de la doctrine française du maintien de l’ordre, qui s’appuie sur le maintien à distance et la riposte graduée à la violence de l’adversaire. Ces armes d’un genre nouveau, faites pour frapper les corps et exercer un effet psychologique, ne rentrent pas dans la nomenclature classique des armes prévues pour le maintien de l’ordre.

 

La BAC se joint désormais aux CRS et aux Gardes mobiles (GM) et des nouvelles forces, les Compagnies d’Intervention et de Sécurisation (CI, CDI, CSI), sont créées pour les appuyer dans les missions de maintien de l’ordre en manifestation. Dés lors, les armes jusqu’alors prévues pour le rétablissement de l’ordre dans les quartiers sont mises également entre les mains des forces de maintien de l’ordre.

Le Lanceur de balles de défense de 40 mm tire alors des balles de plastique semi-rigides produites par l’entreprise nord-américaine Combined Tactical Systems (CTS).

En 2015, l’armement des forces françaises subit une évolution notable : le ministère de l’intérieur publie un appel d’offre pour l’achat de plusieurs milliers de nouvelles munitions de défense à courte portée de 40 mm (MDCP), remporté par l’entreprise française SAE Alsetex. Elle fournit aux forces de l’ordre 115 000 balles de gomme de fabrication française pour remplacer les balles américaines.

Étrangement, et comme s’il s’agissait de compenser la perte d’un marché pour l’entreprise Combined Tactical Systems, le ministère de l’intérieur se dote quelques mois plus tard d’une nouvelle arme de 40 mm fabriquée par cette entreprise : le fusil multicoups “riot gun Penn Arms” (PGL65). CTS perd le contrat de balles de défense, mais gagne en échange un contrat pour la vente d’armes permettant de tirer les balles de 40 mm désormais achetées auprès de SAE Alsetex. Tout le monde est content.

 

En 2016, le Penn Arms apparaît entre les mains des CRS qui encadrent les manifestations contre la loi Travail.

En 2018, à Nantes, des policiers équipés du nouveau Penn Arms commencent à tirer des grenades lacrymogènes de 40 mm, les CM3, produites par SAE Alsetex, qui accompagnent les grenades de 56 mm de même marque lancées grâce à des lance-grenades Cougar et Chouka.

SAE Alsetex propose depuis toujours un arsenal de munitions de 40 mm, mais elles n’étaient encore jamais utilisées par les forces française. Rien n’empêche désormais le ministère de l’intérieur de faire des nouvelles commandes pour noël, puisqu’il a déjà équipé ses troupes d’armes permettant de les tirer…