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Photo de couverture : Maxime Reynié (site)

Quand cela a-t-il vraiment commencé ?

On pourrait aisément remonter aux lois scélérates de 1893-94 pour trouver l’origine du processus anti-démocratique immuable dans lequel s’est engagé la république française, et notamment dans la manière dont se pense et se construit la protection de l’ordre public par la désignation d’un ennemi intérieur.

Lire « Ennemis d’État. Les lois scélérates, des anarchistes aux terroristes » de Raphaël Kempf.

On pourrait également remonter aux mesures d’exception mises en place dans les colonies françaises (vote de la loi sur l’état d’urgence en avril 1955) au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, aux répressions sanglantes des manifestations du 14 juillet 1953, du 17 octobre 1961 ou du 8 février 1962 liées à la Guerre d’Algérie, mais le contexte particulier de la décolonisation, qui accompagne à l’extérieur du territoire une guerre en bonne et due forme contre d’autres populations que celle de la métropole, ne permet pas de fonder une critique objective du maintien de l’ordre en régime démocratique. Dans ce contexte en effet, l’ennemi intérieur n’est autre que l’étranger colonisé, combattu également à l’extérieur.

Lire notre article : https://desarmons.net/index.php/2019/02/08/de-1945-a-nos-jours-comment-letat-francais-sest-realise-dans-une-violence-sans-limites/

Néanmoins, c’est bien dans les années 1950-60 que se construit la figure de l’ennemi intérieur en France, selon les mêmes processus qu’aux Etats-Unis avec l’émergence de la Guerre Froide et du “maccarthysme” (sentiment anticommuniste entraînant une véritable “chasse aux sorcières” dans les métropoles du “bloc de l’Ouest”). C’est en effet à cette période que l’État français, Gaulliste, commence à s’en prendre à la contestation d’extrême-gauche, visée au même titre que les mouvements anticoloniaux.

Pour assurer sa pérennité en pleine “crise algérienne”, l’État Gaulliste instaure un régime présidentiel le 4 octobre 1958. C’est le premier acte par lequel la démocratie parlementaire révèle ses travers totalitaires. Le président peut désormais affirmer, comme le Roi Soleil avant lui : “l’État, c’est moi”.

La rupture de mai 1968 : quand l’État se reprend en mains contre la “chienlit gauchiste” (années 1970)

Les premières mesures d’après-guerre visant la restriction du droit de manifester, en dehors de l’usage des armes, font suite à la révolte de mai 1968, lorsque l’État français se trouve dépassé, voire menacé par la virulence de ce qu’on appelle alors la “Nouvelle Gauche”. A partir de là, les gaullistes de droite comme de gauche, Mitterand inclus, n’auront de cesse de légiférer frénétiquement pour permettre aux forces de l’ordre de faire ce qu’elle font aujourd’hui, à savoir étouffer totalement et définitivement toute possibilité de contestation radicale.

A peine le mouvement de mai réprimé, Raymond Marcellin met sur pieds les Pelotons de Voltigeurs à Moto dans le but d’aller frapper au cœur de la foule, la doctrine du Maintien de l’Ordre reprenant à son compte l’un des vieux enseignements de la guerre psychologique : il faut terroriser les « terroristes ». On parle alors déjà de « casseurs » pour qualifier les manifestants pratiquant l’action directe contre les symboles du capital et la police, raccourcis efficace pour dépolitiser l’acte de révolte spontanée.


Au lendemain de la révolte, en 1969, une ville factice est créée à Saint Astier au sud-ouest de Périgueux pour permettre d’entraîner les forces de l’ordre à la guérilla urbaine. Depuis sa création, ce « centre d’entraînement » accueille et forme l’intégralité des forces de l’ordre aux tactiques de contrôle des foules.

Dans la décennie suivante sont mises sur pieds toutes les brigades d’intervention (RAID, puis GIGN et BRI) qui, sur le modèle des SWAT américains, vont s’en prendre indistinctement aux militants radicaux, aux indépendantistes, aux preneurs d’otages ou encore aux squatteurs. Ces unités encagoulées (c’est une première) vont nous habituer peu à peu à l’idée qu’il existe une seule et unique menace émanant de « forcenés » de toutes sortes, souvent affublés du quolibet « terroriste » qui ne sera jamais défini en droit, pour que le gouvernement puisse choisir librement de définir et qualifier la menace à la sûreté de l’État. Les cagoules portées par ces brigades spéciales, dont la nature anxiogène n’est pas à démontrer, rappellent elle aussi le leitmotiv sécuritaire « il faut terroriser les terroristes ».

1981 – 1995, L’hypocrisie socialiste au service de la “pacification sociale” ou le paroxysme de la trahison

Si Mitterand a pu laisser penser à l’arrivée d’une période de progrès social, à une désescalade des violences policières et à la fin des barbouzeries gaullistes de l’après-guerre et de la décolonisation, c’est sans tenir compte de la révolte contre la loi Devaquet de l’hiver 1986. Le Pouvoir a attendu que les milices de voltigeurs à moto tabassent à mort Malik Oussekine dans la nuit du 5 décembre 1986 pour décider leur dissolution.

Notons que le même soir, le service d’ordre des étudiants socialistes (affiliés UNEF-ID) mené entre autres par le jeune Alain Bauer collabore étroitement avec les forces de l’ordre (alors sous le commandement du ministre de l’intérieur Charles Pasqua) pour réprimer la révolte spontanée et incontrôlable des étudiants radicaux (qualifiés dans le rapport du Sénat de « provocateurs »), qui avaient commencé à ériger des barricades dans le quartier latin.

On lit dans le rapport du Sénat, téléchargeable à cette adresse :

« Point important: ces individus que la richesse du vocabulaire baptise successivement des termes de “casseurs”, provocateurs”, “agresseurs”, “trublions”, ne faisaient donc pas partie du cortège. »

« Ce n’est que dans un deuxième temps que le S.O. “musclé” a fait son apparition sur ce point, à l’initiative d’Alain Bauer, et alors que les bagarres étaient déjà violentes, vers 18 h 30. »

« “Le S.O. étudiant formait une chaîne humaine, mais ils n’avaient pas de signe distinctif… Une partie des membres du S.O. était casquée, ils avaient des bâtons, des battes de base-ball. Lorsque le cortège a été stabilisé à Esnault-Pelterie, ils se sont déportés pour maintenir les agresseurs dans un premier temps. Ensuite, ils les ont confortés” »

Ce S.O. va même jusqu’à protéger les voltigeurs :

« Un incident s’est produit, par exemple, pendant le défilé : deux motocyclistes de la police étant violemment pris à partie par des individus non identifiés : le S.O. étudiant a pu les libérer mais non pas neutraliser les agresseurs. » 

« Bien que Philippe Campinchi ait signé au nom des organisateurs la déclaration de la manifestation, déclarant notamment “disposer des moyens propres à en assurer le caractère pacifique et s’engager à prendre toutes dispositions pour en assurer le bon déroulement jusqu’à complète dispersion”, les autorités avaient jugé utile de lui proposer l’assistance d’un commissaire et de deux officiers de paix. Ces fonctionnaires resteront en liaison permanente avec les responsables de la manifestation, notamment Alain Bauer : ils les dépanneront à plusieurs reprises lorsque leurs moyens radios seront momentanément hors circuit ils les informeront de l’évolution des événements, les avertiront de la dégradation de la situation, les conseilleront… »

Dans les PV de contexte (d’ambiance) :

« TI 70 [officier de police] annonce qu’Alain Bauer “est en train de rameuter un service d’ordre plus musclé et il va les prendre sur les arrières“. Il demande à la salle de commandement d”‘avertir le service d’ordre qui est à Esnault-Pelterie qu’il va y avoir des charges du S.O. étudiant pour dégager la place“. La salle lui demande d’intervenir pour “faire commencer un peu de musique ou de spectacle avec le camion de manière à attirer l’attention et dégager un peu la pression sur Esnault-Pelterie”. »

« Jusqu’à l’arrivée aux Invalides, la voiture d’Alain Bauer et celle du commissaire chargé d’assurer la liaison progresseront d’ailleurs côte à côte : ainsi, sera par exemple rapidement décidé et mis en place le changement d’itinéraire du cortège peu avant l’arrivée sur l’esplanade. La séparation des interlocuteurs n’aura lieu que vers 21 h 30. Après une poignée de mains

La coopération ne s’est pas limitée à ces responsables. Elle a revêtu bien d’autres aspects : au barrage de la rue de l’Université, le S.O. étudiant désarme les éléments suspects ou excités et confient les gourdins, manches de pioche ou pavés aux unités qui forment le barrage… Le lieutenant qui tient le barrage du quai d’Orsay prête un mégaphone aux membres du S.O. étudiant pour appeler au calme ; il récupère et protège un membre de ce S.O., casqué et armé d’un bâton, mais non revêtu d’un tee-shirt blanc, pris à partie par les provocateurs… Mais l’exemple le plus manifeste de cette coopération reste les tentatives répétées et courageuses du S.O. étudiant pour s’interposer entre les provocateurs et les unités du maintien de l’ordre, au barrage du quai d’Orsay : le détail de ces épisodes sera fourni. Il suffit de dire ici qu’hommage leur sera rendu par les responsables du maintien de l’ordre qui les ont vus en action. »

Il n’est pas nécessaire d’en dire davantage sur la qualité d’auxiliaires de police de ces « services d’ordre ». On a pléthore d’exemples bien plus récents que celui-ci. La contre-insurrection et le contrôle des foules s’appuie de toute évidence à partir des années 1980 sur la composante sociale-démocrate des « mouvements sociaux », qui dans son absolu réformisme, croit que la nature de l’État peut être transformée par des mises en scènes contestatrices et « bon enfant » encadrées par les autorités. Ce que cela dénote, c’est la naissance d’une vision entrepreneuriale de la contestation (le fameux « dialogue social ») pour remplacer et anéantir le caractère fondamentalement insurrectionnel de toute révolte populaire (voir aujourd’hui le rôle joué par des organisations “non-violentes” comme ANV COP21, l’organisation des marches pour le climat ou le réseau Extinction Rebellion, qui multiplient les chartes et services d’ordre excluants et se prévalent d’être des « peace keepers », traduction anglaise de « Gardiens de la paix », et participent au maintien de l’ordre, le plus souvent main dans la main avec la police).

Lire :

https://libcom.org/gallery/images-french-cgt-unions-services-dordre-stewards

https://blogs.mediapart.fr/marc-tori/blog/250609/avec-matraques-et-lacrymogenes-la-cgt-expulse-les-sans-papiers-de-la-bou-0

https://www.huffingtonpost.fr/2016/05/17/service-dordre-cgt-manifestation-loi-travail-17-mai_n_10005544.html

https://mars-infos.org/12-mai-la-cgt-attaque-et-gaze-les-1129

https://paris-luttes.info/agression-violente-de-5-femmes-a-8683

https://paris-luttes.info/quand-la-cgt-felicite-son-s-o-5783

Dans la gestion des populations immigrées, les politiques socialistes semblent alors vouloir appliquer une « contre-insurrection douce » : police de proximité, indics, médiateurs, grands-frères et autres pacificateurs chargés de calmer les ardeurs des jeunes tout en assurant un contrôle intégré au sein des quartiers.

2001 – 2012, Le tournant néo-conservateur et néo-libéral de la politique française de sécurité : mobilité, rentabilité, tolérance zéro.

Après la mort de Mitterand et, avec lui, de l’illusion socialiste, des personnages comme le transfuge Alain Bauer viendront impulser une vision plus « atlantiste » et « néolibérale » de l’ordre social. Ils deviendront les conseillers en sécurité des gouvernements suivants. Il n’est donc pas étonnant de revoir Bauer conseiller Nicolas Sarkozy par l’entremise de Charles Pasqua en 2001, puis successivement Michelle Alliot Marie et Manuel Valls, dont il est pour l’une comme pour l’autre l’ami intime.

Lire sur Mediapart – Alain Bauer, « joker » sécuritaire de Sarkozy.


Depuis les années 1970-80, le marché de la sécurité s’est ouvert à la concurrence et de nouveaux fabricants d’armes ont investi la place, comme SAE Alsetex fondée en 1973 et la Société d’Application des Procédés Lefevre (SAPL) fondée en 1983, qui viennent concurrencer les vieux marchands de fusils et de poudre Verney Carron et Nobel Sport. Ces derniers vont d’ailleurs jouer des coudes pour rester dans la course, notamment en renouvelant totalement leur arsenal (grenades lacrymogènes à ogives plastiques PLMP et MP7, pour remplacer les vieilles grenades en carton) et en proposant les nouvelles armes évoquées ci-dessus (Flash-balls). Les logiques managériales à l’américaine du maintien de l’ordre, introduites notamment par des marchands de douleurs et favorisées par la libéralisation à marche forcée de l’économie depuis les années 1970, vont amener Sarkozy à introduire en France des stratégies sécuritaires agressives qui vont durablement transformer l’Ordre public.

Dans les quartiers populaires, cela se traduit d’abord par la généralisation des Brigades Anti Criminalité (BAC) de jour comme de nuit, héritières directes d’un passé colonial que certains voudraient croire révolu et auxquelles leurs officiers et les autres services de police mettront du temps à s’habituer, tant leurs méthodes musclées et démonstratives inspirées de l’antigang sont inhabituelles pour les vieux loups de la police, plutôt habitués à la jouer discrète quand il s’agit de s’affranchir de la légalité.

Lire La Force de l’ordre de Didier Fassin.

Puis, Nicolas Sarkozy va donner à ces brigades de nouvelles armes. Séduit et influencé par Margaret Thatcher, qui a su écraser mieux que quiconque la contestation sociale en Angleterre et le mouvement d’indépendance irlandais (voir l’usage fait des « wooden batons » et « rubber bullets » contre les civils irlandais, qui feront au moins 17 morts et des dizaines de blessés graves entre 1970 et 1989), il va introduire dans l’arsenal français entre 1999 et 2007 les armes « sublétales », et notamment les flash-balls Super Pro (2001-2003), les grenades de désencerclement (DMP, 2004) et lanceurs de balles de défense (LBD, 2005-2007). Il va d’ailleurs pour cela se fournir à l’étranger, notamment auprès du principal exportateur d’armes américain pour le maintien de l’ordre, Combined Tactical Systems (qui fournit massivement les forces israéliennes, CQFD) et de l’entreprise suisse Brügger & Thomet : le premier fournit les cartouches, le second le fusil. Les grenades de désencerclement sont pour leur part fournies par le français SAPL.


Enfin, Nicolas Sarkozy va faire évoluer le droit et les pratiques sécuritaires vers toujours plus de sévérité, poussant à son paroxysme néocolonial « l’usage légitime de la violence » dans les quartiers populaires. La lutte contre la délinquance, animée par le dogme de la tolérance zéro, va venir détruire définitivement les concepts sociaux-libéraux de « police de proximité » et de « mixité sociale » pour venir stigmatiser les populations immigrées, fabriquant l’idée que le « communautarisme » serait un terreau naturel pour le crime et le terrorisme. Reprenant dans sa dialectique sécuritaire le vocabulaire du fascisme des années 1930, Nicolas Sarkozy parle ni plus ni moins d’épuration ethnique lorsqu’il affirme vouloir « nettoyer la racaille au kärcher ». Si sa cible sont les jeunes indisciplinés des quartiers populaires, il est clair pour le plus grand nombre que toutes les populations immigrées, et notamment noires et arabes, sont visées. L’extrême-droite s’en frotte alors les mains, car elle sait que la droite néoconservatrices prépare son triomphe à venir, dix ou vingt ans plus tard…


Le kärcher de Sarkozy, ce sont donc les balles de caoutchouc et les milices en civil, qui vont venir frapper systématiquement les corps étrangers partout où la République se sent remise en cause. On circonscrit alors sur la carte des France des « zones de non droit » où la domination policière peut s’appliquer sans limites. Il n’y a jamais eu autant d’émeutes et de voitures brûlées que sous la « régence » de Nicolas Sarkozy, ce qui en dit long sur la manière dont la droite dure conçoit l’ordre public. De 2006 à 2012, et notamment lors des émeutes médiatiques de la fin 2005 (parties de Clichy sous Bois suite à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré) et de la fin 2007 (à Villiers le Bel suite à la mort de Laramy Samoura et Moushin Sehhouli), la police française mène la plus grosse expérimentation en terme de « rétablissement de l’ordre » (contrôle des émeutes), qui va servir ensuite de support théorique aux réformes du maintien de l’ordre en général.


La nouvelle logique mêlant les préceptes de « guerre psychologique » du barbouzard gaulliste Pasqua avec ceux de la « tolérance zéro » et de la « gestion démocratique des foules » importés par des experts atlantistes tels que Bauer va venir bouleverser la vieille doctrine du maintien de l’ordre préservée intacte depuis les années 1930. C’est notamment à ce cocktail détonnant qu’on doit l’apparition des BAC aux abords des manifestations politiques, ainsi que la création de nouvelles brigades mobiles dans l’organigramme du maintien de l’ordre en 2003, les Compagnies d’Intervention (CI/CSI/CDI). Puis, avec elles arrivent dans la gestion des foules l’usage systématique des balles de caoutchouc et des grenades, en dehors du cadre de légitime défense dans lequel elles sont censées rester cantonnées.


Ce qu’introduit Sarkozy dans la doctrine traditionnelle du maintien de l’ordre, c’est un remplacement progressif de la « mission de police administrative » incarnée par les CRS et Gardes mobiles (statiques) par des « missions de police judiciaire » (plus mobiles) : il n’est plus seulement question de canaliser la foule et de maintenir l’ordre, mais de « faire du chiffre », de « frapper les corps » et « d’attraper du délinquant ». La doctrine du « maintien à distance » et remplacée par celles du « tirer pour toucher » et du « saute dessus ». La répression est individualisée, discriminante : on en « touche un pour faire peur à tous les autres ». La peur suscitée par l’incursion au cœur de la foule de groupes mobiles chargées d’interpeller en jouant des coudes avec les personnes qui se placeraient volontairement ou non sur leur chemin est la même qui fait craindre tout-un-chacun d’être visé arbitrairement ou atteint par une balle qui ne lui serait pas destinée. L’objectif : mater la meute. La méthode : d’abord déshumaniser tous ceux qui dérangent, donc les discréditer, puis les neutraliser, quitte à faire des “victimes colatérales” : elles n’avaient qu’à pas être là.


Modélisation de l’évolution du maintien de l’ordre dans l’après-guerre.

Avec la multiplication de réponses pénales aux troubles à l’ordre public, l’exécutif va peu à peu travailler au corps l’institution judiciaire pour l’amener à considérer toujours plus les jeunes issus de l’immigration et les militants radicaux comme des délinquants et des casseurs, voire des terroristes en puissance, notamment en légiférant pour faire évoluer le Code Pénal dans un sens ultra-répressif :

En 2002, les lieutenant de Sarkozy, Christian Estrosi et Eric Ciotti, proposent une loi créant le délit de participation à un groupement violent, qui est une sorte de compromis législatif entre les délits d’attroupement (loi de 1991, adoptée en 1994) et d’association de malfaiteur (introduite dans le code pénal en 1810, abolie en 1983, puis remise en vigueur en 1986 et recodifiée en 1992-1994). En droit, c’est l’acte qui permet de criminaliser les participants à une manifestation et qui va conforter peu à peu l’idée qu’une manifestation non autorisée constitue un attroupement de facto, donc un trouble à l’ordre public qu’il s’agit de réprimer. La justification ultime de ce glissement sémantique est la commission de « violences ». Comme pour le qualificatif « terroriste », le droit reste volontairement flou sur la définition de la violence : quand il s’agissait autrefois de coups portés directement à un policier, aujourd’hui le seul fait de jeter une bouteille de plastique vide en direction des forces de l’ordre ou de briser une vitrine sont déjà constitutifs d’une violence. Ce n’est donc pas le niveau de violence qui a augmenté, mais la qualification de ce qui est violent qui a été considérablement abaissée.

En 2002 et 2003, la Loi d’Orientation et de Programmation pour la Sécurité Intérieure (LOPSI) et la Loi pour la Sécurité Intérieure (LSI) placent la gendarmerie sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, abaissent l’âge de la garde-à-vue des mineurs, créent une série de nouveaux délits (racolage passif, mendicité agressive, rassemblements menaçants ou hostiles, outrage au drapeau national…) et introduisent de nouveaux moyens de surveillance (logiciel de captation des contenus échangés en ligne, de contrôle (fouille des véhicules) et de fichage (création du fichier ARIANE, extension du Fichier National des Empreintes Génétiques à toutes les infractions)…

Dans la foulée, la période 2008-2012 est aussi celle d’une nouvelle chasse aux sorcières, impulsée entre autres par Alain Bauer (toujours lui) contre la « nouvelle menace » provenant selon lui de ce qui sera désormais qualifié « l’ultra-gauche » : la figure du Black Bloc va doucement émerger de la médiatique affaire Tarnac pour venir faire planer une atmosphère de conspiration sur la tête des anarchistes et autonomes (c’est la nouvelle “Nouvelle Gauche”). Cette première affaire d’association de malfaiteurs touchant les milieux anarchistes de l’après-mai 68 permettra par la suite de circonscrire les troubles à l’ordre public en manifestation à une catégorie de personnes « radicalisées », stigmatisées pour leur penchant supposé pour la violence : les « casseurs ».

Dans une continuité logique de ces expérimentations, Christian Estrosi propose en 2009 une nouvelle loi créant le délit de « participation à une bande violente », qui est adoptée en même temps que le décret « anti cagoule », introduit par Michèle Alliot-Marie suite au contre-sommet de l’OTAN à Strasbourg et punissant d’une amende de 1500 euros (3000 en cas de récidive) “le fait pour une personne, au sein ou aux abords immédiats d’une manifestation sur la voie publique, de dissimuler volontairement son visage afin de ne pas être identifiée dans des circonstances faisant craindre des atteintes à l’ordre public”.

L’enjeu de la décennie suivante sera donc pour l’État de neutraliser au plus vite cette « nouvelle menace », de la même manière qu’il a réussi à circonscrire les troubles à l’ordre public dans les banlieues en soumettant les « jeunes de cités » par des pratiques de harcèlement, d’humiliation et de délation dignes de la bataille d’Alger en 1957, pratiques elles-mêmes incarnées par de nouvelles unités de police de quartier chargées d’assurer l’occupation permanente du terrain (comprendre : la domination policière) : les Unités Territoriales de Quartier (UteQ) et les Compagnies de Sécurisation en 2008, puis les Brigades Spécialisées de Terrain (BST) en 2010.

2012 – 2017, Quand socialisme rime à nouveau avec surveillance et état d’exception permanent : les renseignements français n’ont rien à envier à la Stasi

Au cours des quatre années suivantes, ce sera à Manuel Valls et Bernard Cazeneuve de venir se servir de ces acquis sécuritaires pour repenser l’Ordre Public de demain. Pour commencer, Valls réforme en profondeur les services de renseignements, c’est sa priorité.

Alors qu’il vient d’être fraîchement nommé ministre de l’intérieur, Valls est tout désigné pour régler le “problème” de Notre Dame des Landes, qu’il qualifie d’ailleurs rapidement de “kyste”, trahissant une bien vieille vision de la gauche comme d’une maladie à éradiquer. Lançant avec emphase l’opération César pour expulser la ZAD fin 2012, il va se casser les dents sur la résistance des réseaux anarchistes et autonomes, non sans avoir employé toutes les forces et la violence possibles pour y parvenir.

S’il a échoué sur ce point, il n’en a pas moins préparé le terrain pour ses successeurs, et notamment pour Bernard Cazeneuve, qui va sous son égide mener une réforme profonde des services de renseignements. Le 30 avril 2014, l’ancienne DCRI devient la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) qui va, avec la nouvelle Direction Centrale du Renseignement Territorial (DCRT), être chargée de la surveillance généralisée de tout ce qui a trait à la vie publique. La définition officielle de leurs missions est la suivante :

« les renseignements recherchés concernent tous les domaines de la vie institutionnelle, économique et sociale susceptibles d’entraîner des mouvements revendicatifs ou protestataires. Par leur implication dans la détection des phénomènes violents et la veille des quartiers sensibles, les services du renseignement territorial participent à la lutte contre la délinquance liée principalement à l’économie souterraine. Enfin, ils s’intéressent à tous les faits de société visant à remettre en cause les valeurs républicaines tels que les dérives sectaires, les phénomènes de repli communautaire et identitaire ainsi que la contestation politique violente. Ce champ de compétence induit des modes de fonctionnement qui feront appel à des méthodes de recherche opérationnelle ainsi qu’au développement du cyber-renseignement ». [cf. Rapport du Sénat]

La Loi relative au renseignement du 24 juillet 2015 et la refondation des services qu’elle traduit, c’est la volonté de donner plus de pouvoirs aux services de renseignements, et notamment celui de surveiller les communications électroniques et radiophoniques sous le contrôle d’une nouvelle officine, la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR). Elle prévoit ainsi la collecte des données de connexion, la « sonorisation » (écoutes), l’interception des communications électroniques via des IMSI catchers, et la surveillance des communications internationales, via l’interception des communications transitant par les câbles transocéaniques.

Les principales organisations de gauche ont contesté l’adoption de cette réforme, y voyant très justement un moyen de contrôler, ficher et surveiller un pan très large du spectre politique s’étendant de la gauche d’appareil aux milieux anarchistes et autonomes, notamment en raison de l’une des missions qui incombent à la DGSI : “surveillance des individus et groupes d’inspiration radicale susceptibles de recourir à la violence et de porter atteinte à la sécurité nationale”.

Ce nouveau pas vers une surveillance généralisée et une répression proactive de la contestation aura finalement raison des luttes écologistes radicales et des luttes de territoires au cours des années suivantes, notamment à Sivens (expulsions à l’automne 2014), Paris (perquisitions et assignations à résidence de militants radicaux lors de la COP 21 en novembre 2015), Bure (perquisitions et poursuites judiciaires en juin et décembre 2018) et Notre Dame des Landes (expulsions au printemps 2018) : les “milieux contestataires radicaux”, comme les ont appelés les services de renseignements eux-mêmes, sont devenus transparents, maîtrisables.

Témoignage sur l’assignation à résidence – Décembre 2015

Le paroxysme de cette surveillance sera atteint avec l’état d’urgence, du 14 novembre 2015 au 30 octobre 2017, qui permettra à la police de procéder à des milliers de perquisitions (4444), des centaines d’assignations à résidence (752) et d’interdictions de séjour (656) à l’encontre d’un panel très divers de personnes de confession musulmane et de militants anarchistes. Plusieurs dizaines de manifestations ont également été interdites par arrêté préfectoral sur le fondement de l’état d’urgence.

L’état d’urgence aura amené la population a s’habituer à ce que des mesures administratives (donc sans contrôle d’un juge judiciaire) de répression préventives soient prises à l’encontre de personnes ou de catégories de personnes contre qui il n’existe que des soupçons ou autres “raisons plausibles de penser qu’ils pourrait avoir commis ou tenté de commettre…

La répression préventive, qui implique l’existence d’une police politique (les renseignements), est un nouveau pas vers la dictature. Et surtout, elle s’accommode d’une abolition assumée des valeurs fondamentales des régimes démocratiques, comme la liberté d’opinion, d’association et les droits de l’homme. On peut se référer ici au courrier envoyé par le gouvernement français à l’ONU et au Conseil de l’Europe lors de la promulgation de l’état d’urgence fin 2015, mais aussi aux déclarations du président Hollande dans son livre de confessions politiques : « C’est vrai, l’état d’urgence a servi à sécuriser la COP 21, ce qu’on n’aurait pas pu faire autrement. Imaginons qu’il n’y ait pas eu les attentats, on n’aurait pas pu interpeller les zadistes pour les empêcher de venir manifester. Cela a été une facilité apportée par l’état d’urgence, pour d’autres raisons que la lutte contre le terrorisme, pour éviter qu’il y ait des échauffourées. On l’assume parce qu’il y a la COP. »

Voir l’entretien de François Hollande par rapport à la gestion post-attentats : http://apres-attentats.be/documentaire-tous-flics-ou-tous-fliques/

La lutte contre le hooliganisme comme laboratoire du maintien de l’ordre : comment la catégorie “ultra” définit tout ce qui doit être neutralisé

Ce dont on parle peu, c’est l’expérimentation sécuritaire qui a été faite à l’échelle internationale dans le cadre des « grands événements sportifs » et la manière dont elle a inspiré la police française. Dans les années 1980, Margaret Thatcher ne s’est pas contentée d’écraser la lutte d’indépendance irlandaise, elle a également mis au pas les supporters par une série d’actions répressives que la France va adopter à son tour dans les années 2000.

Dés 1993 et alors qu’elle est ministre des sports, Michèle Alliot-Marie introduit dans le droit français l’Interdiction de Stade (IDS), qui prévoit « l’interdiction de pénétrer dans une ou plusieurs enceintes où se déroule une manifestation sportive pour une durée qui ne peut excéder cinq ans ». Dans la continuité de cette mesure, jugée inefficace, le gouvernement Sarkozy va imposer une législation répressive implacable à l’égard des supporters. Tout d’abord par l’adoption de la loi antiterroriste du 23 janvier 2006, qui contient un cavalier législatif instaurant l’Interdiction Administrative de Stade (IAS), puis par la LOPPSI 2, qui allonge sa durée maximale de trois à six mois et de six à douze mois en cas de récidive. Les interdictions de stade, qu’elles soient judiciaires ou administratives, peuvent être assorties d’une obligation de pointage. Cette nouvelle législation, permise par la lutte antiterroriste, donne le pouvoir aux autorités de déroger au droit ordinaire pour sanctionner des faits n’ayant aucun lien avec le terrorisme, notamment en imposant des restrictions à la liberté de déplacement. Enfin, un fichier national des interdits de stade (FNIS) est créé en septembre 2007 et sera placé sous le contrôle de la Direction Nationale de Lutte contre le Hooliganisme (DNLH) à partir de 2009, date de sa création.

Lire :

http://www.cahiersdufootball.net/article-a-qui-profite-la-dissolution-4831

https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/01/08/interdictions-administratives-de-stade-un-bilan-contraste_5406331_3242.html

https://www.lepoint.fr/sport/les-interdictions-de-stades-bete-noire-des-supporters-08-01-2019-2284204_26.php

C’est en 2010 que le commissaire divisionnaire de Lille, Antoine Boutonnet, reconnu pour son expérience en rétablissement de l’ordre (Copwatch l’avait identifié en 2011 en tant que chef de la BAC de Lille) et en contrôle des foules, notamment à l’occasion du contre-sommet de l’OTAN à Strasbourg où il est en charge du dégagement d’un hôtel en flammes dans lequel sont restés coincés ses hommes (la médaille d’argent pour acte de courage et de dévouement lui a été décernée pour ces faits), est nommé à la tête de la DNLH. Il y devient le pourfendeur des ultras du foot, après avoir été celui de l’ultra-gauche.

Lire :

https://www.sofoot.com/antoine-boutonnet-ancien-boss-de-la-lutte-contre-le-hooliganisme-450071.html

Ce qui est intéressant, c’est que ce personnage, bien connu pour avoir longtemps fait du maintien de l’ordre avant d’aller aider l’Association Nationale des Supporters à pacifier les stades pour les rendre au seul capitalisme, a été nommé en mars 2017 à la Sous-Direction de l’Anticipation Opérationnelle (SDAO), service de renseignement de la Gendarmerie Nationale créé en décembre 2013 et constituée de 550 analystes dont la mission est notamment de « prévenir la radicalisation, la sécurité économique et la surveillance des contestations violentes, afin de mieux éclairer les décisions du commandement, aussi bien au niveau des groupements qu’au niveau central » et « d’étudier minutieusement chaque grande thématique capable de nuire à la sécurité nationale ou à l’ordre public ». Encore une fois, la « lutte contre le terrorisme » cache très mal la surveillance générale des milieux dits « contestataires ».

Lire :

Nommer un spécialiste du maintien de l’ordre et de la lutte contre le hooliganisme au service de la contre-insurrection, ça en dit long. Précisons que cela n’a pas empêché cet officier plusieurs fois promu et plus qu’apprécié par ses semblables de se suicider avec son arme de service en novembre 2017, soit quelques mois seulement après son arrivée dans ce service. Il semblerait qu’il « vivait mal » sa mutation : il serait hautement intéressant de comprendre pour quelle raison. Mais l’omerta et le devoir de réserve imposé aux proches nous empêcheront de le savoir…

En janvier 2019, Edouard Philippe annonce vouloir s’inspirer de la loi contre le hooliganisme de 2006 pour contrer les manifestations « violentes », notamment en créant un fichier des « manifestants violents » et en permettant aux préfets de « prononcer l’interdiction de manifester pour des personnes déjà condamnées pour des faits de violences, dégradations en manifestation », mais également « toute personne qui appartient à un groupe ou entre en relation de manière régulière avec des individus incitant, facilitant ou participant à la commission de ces faits », le non respect de cette interdiction pouvant entraîner une peine de 6 mois d’emprisonnement et 7500 euros d’amende.

Lire :

http://www.slate.fr/story/172134/interdiction-manifester-hooligans-gilets-jaunes-casseurs-edouard-philippe

https://www.francetvinfo.fr/sports/foot/hooligans/c-est-l-inverse-de-la-justice-la-loi-dont-edouardphilippe-veut-s-inspirer-contre-les-casseurs-est-critiquee-par-les-supporters_3135047.html

http://www.leparisien.fr/politique/trois-questions-sur-le-fichier-anticasseur-souhaite-par-edouard-philippe-08-01-2019-7983291.php

Après les ultras du foot, les ultras de la politique. Il n’y a pas à douter que la “contestation” sera à l’avenir cantonée, comme pour les fan zones, dans des périmètres totalement neutralisés. Il ne peut y avoir de révolte ni de transformation sociale dans les cadres fixés par le pouvoir, comme il ne peut y avoir de divertissement dans les espaces spectaculaires-marchands du foot contemporain, aseptisé et aliéné à la publicité et au profit.

L’Etat, acculé dans ses derniers retranchements, ne fait rien d’autre que de multiplier les dispositifs de privation de libertés, transformant peu à peu la société en immense espace de quarantaine : « Tout va bien, restez chez vous ».

2017 – 2020, Quand l’extrême-centre au pouvoir réalise le projet dystopique de contrôle policier total sur la société

On y est, c’est aujourd’hui. Que reste-t-il donc des libertés publiques ? Peau de chagrin. Le projet mégalomane et totalitaire qui a tant fait vociférer la chose abjecte qui nous sert de président semble presque s’être réalisé.

Après deux années d’Etat d’urgence ayant permis tous les excès et toutes les abominations, certaines mesures héritées de la guerre d’Algérie sont entrées dans le droit commun, tandis que la dernière loi « anticasseur » fait de toute manifestation hors des clous un attroupement et un trouble à l’ordre public méritant d’être nettoyé à la grenade. Ainsi, toutes les personnes mutilées par les policiers s’exposent à des non-lieux à la pelle, puisque l’impunité policière sera garantie par le simple fait que ces manifestants « n’avaient pas à être là ». La série des classement sans suite a d’ailleurs déjà commencé avec deux personnes ayant eu la main arrachée : Antoine B. et Ayhan P.

Lire :

https://www.ouest-france.fr/societe/justice/gilets-jaunes-il-avait-eu-la-main-arrachee-bordeaux-sa-plainte-classee-sans-suite-6529054

https://www.lanouvellerepublique.fr/indre-et-loire/commune/joue-les-tours/main-arrachee-lors-d-une-manifestation-a-tours-ayhan-p-contre-attaque

https://www.mediapart.fr/journal/france/130919/le-parquet-de-tours-classe-sans-suite-la-plainte-du-gilet-jaune-qui-eu-la-main-arrachee-par-une-grenade

Dans le même temps, les discours islamophobes servis par des élites politiques aux abois ont conforté les fascistes notoires dans l’idée qu’ils avaient leur place sur tous les écrans pour y postilloner leur haine aux heures de grande écoute. Chaque jour de vieux hommes blancs réactionnaires, syndicalistes policiers, néo-philosophes ou autres experts en vanité, se succèdent sur les plateaux des médias pour nous inonder de leur cynisme, justifiant ou se riant des mutilations occasionnées et appelant de leurs vœux qu’on tire à nouveau à balles réelles sur la foule.

Lire :

https://fr.theepochtimes.com/gilet-jaune-ayant-eu-la-main-arrachee-le-9-fevrier-cest-bien-fait-pour-sa-gueule-selon-le-responsable-du-syndicat-sgp-police-712919.html

https://www.revolutionpermanente.fr/Ce-n-est-pas-une-main-arrachee-c-est-seulement-4-doigts-les-reactions-honteuses-des-soutiens-du-14912

https://www.revolutionpermanente.fr/L-ancien-ministre-Luc-Ferry-appelle-a-tirer-a-balles-reelles-sur-les-Gilets-Jaunes

Les policiers aussi ne connaissent aucune limite dans leur violence, leur cynisme, leur racisme et leur mépris. On a pu le voir notamment lors de leur manifestation du 2 octobre 2019, dans leurs diverses réactions indignes face aux portraits de gilets jaunes mutilés brandis par des contre manifestants :


La vidéo de la manifestation est ici : https://www.youtube.com/watch?v=QRagzTfyPkI

Et ça se plaint quand on les qualifie de “barbares”…

On a atteint le paroxysme d’une société qui ne tient plus que par sa police. La suite ne peut être que terrible, puisque toutes les digues ont sauté et que les peuples humiliés et animés par la peur du lendemain sont désormais immunisés aux mensonges du Pouvoir et à la violence débridée de son bras armé, dont une grosse partie ne cache même plus son accointance avec le fascisme (voir le score électoral du FN/RN chez les policiers et se souvenir de l’invitation cordiale de Marion Maréchal Le Pen, Gilbert Collard, Jacques Bompart ou Nicolas Dupont Aignan au rassemblement organisé par le syndicat Alliance Police Nationale sur la place de la République le 18 mai 2016).

Lire :

Une fois qu’on a fait cette analyse, il s’agit de savoir si cette restriction toujours plus grande des libertés n’est pas une évolution naturelle de l’État de droit, et a fortiori de tout système de gouvernement reposant sur la nécessité de maintenir un ordre social contre la volonté du peuple.

Il n’est par conséquent plus question de maintenir cet ordre totalitaire.

Notre conclusion ne peut être autre que révolutionnaire.