Le collectif « Desarmons-les » a été créé en 2012 afin d’observer les pratiques policières et documenter l’armement déployé par l’État face aux populations civiles, quotidiennement dans les quartiers de relégation sociale comme lors de manifestations de contestation dans l’espace public. Membre du Réseau d’Entraide Vérité et Justice, nous accompagnons aussi des victimes ou des proches de victimes de violences d’État dans leur long et éprouvant combat pour obtenir vérité et justice.
Nous faisons depuis longtemps le constat que la répression « intérieure » est autant une machine à broyer tout embryon de révolte sociale qu’un marché économique très lucratif, influencée par les marchands d’armes de maintien de l’ordre qui vivent sous perfusion des appels d’offres de la puissance publique — le dernier bon de commande signé par l’État en 2023, pour fournir en masse gaz lacrymos ou grenades, a dépassé les 73 millions d’euros, record du genre. La France a une telle particularité dans l’usage d’armes mutilantes, un des rares pays en Europe à employer LBD ou grenades offensives sans limite, que ces industriels peuvent allègrement placer le logo « combat proven » (testé au combat) dans leurs produits mortifères qui vont s’exporter partout dans le monde, avec une petite préférence pour les forces répressives de ses anciennes colonies. Elle exporte aussi son « savoir faire », via des officines parapubliques qui vont former les polices du monde entier ou accueille sur son sol des forces de sécurité de pays tiers qui viennent dans ses « centres d’entraînement » se perfectionner en « contrôle démocratique des foules » ou autres « violences urbaines ».
Il n’y a pas de différences fondamentales entre vendre des armes pour la guerre militaire que pour la guerre civile. Aujourd’hui les conflits armés ne se déclarent plus à grand coup de « mobilisation générale », ils se camouflent derrière des « opérations extérieures » (OPEX) légitimées par des résolutions de « maintien de la paix » ou de protection de zones d’influences économiques répondant à un continuum colonial qui ne dit jamais son nom. Le maintien de l’ordre à la française s’est encore davantage abreuvé de son passé impérialiste pour adopter face à la plèbe des techniques d’oppression employées et perfectionnées dans ses anciennes dépendances coloniales. Techniques mises en œuvre avant tout contre les populations racisées des quartiers pauvres des grandes métropoles.
La frontière entre police et armée n’a jamais été aussi floue. Le recours à des unités d’élite (RAID, BRI, GIGN) pour mater les révoltes qui ont suivi l’assassinat du jeune Nahel Merzouk en juin 2023 en est une illustration. L’intervention néocoloniale de l’État en Kanaky Nouvelle Calodonie, un an plus tard, était aussi de nature militaro-policière, où le renfort de 500 gendarmes anti-émeutes et l’envoi de 16 blindés Centaure s’est opéré avec le soutien opérationnel de 600 soldats de régiments d’infanterie de marine.
Il est temps d’unir nos forces pour crier « Guerre à la guerre : pas de justice, pas de paix! »
Plus d’infos, ressources, programme :
-> Site fédérateur de l’initiative « Guerre à la guerre »