[Article rectifié le 10 mai]

Le 30 avril 2018, Ismaila Deh, 58 ans et père de 8 enfants, originaire de Sintouba Mambé au Sénégal et résidant à Carrière sous Poissy avec sa famille, vend des souvenirs pour touristes à l’effigie de la Tour Eiffel près du château de Versailles quand une patrouille de police s’approche pour le contrôler. Présent en France depuis 18 ans, il a travaillé 17 ans à la plonge dans un restaurant à Cannes, sans pour autant être régularisé. Il avait été placé en rétention en 2008, mais avait échappé à l’expulsion.

La version policière, évidemment reprise sans vérification par les médias, le Parisien en tête, raconte qu’à la vue de la police, Ismaila se serait enfuit et se serait fait percuter par le fourgon de police alors qu’il était poursuivi et tentait de traverser la rue Carnot pour leur échapper. Il aurait selon eux heurté violemment le capot du véhicule, occasionnant un traumatisme crânien, ainsi que des fractures de la jambe et des côtes.

Ismaila, à l’hôpital peu avant son décès (image transmise par des proches)

Cette version est démentie par les proches et des témoins de la scène. Ismaila était avec d’autres vendeurs à la sauvette qui se sont enfuis à la vue de la police. Courant moins vite du fait de son âge, un policier l’a rattrapé et lui a fait un croche-pieds, précipitant sa chute. Sa tête a d’abord cogné une barrière, puis les policiers se sont acharné sur lui en lui assénant des coups de pieds et de matraques.

A l’arrivée des premiers secours, ceux-ci ont préféré transmettre Ismaila aux pompiers, qui l’ont emmené à l’hôpital Pompidou, dans le 15ème arrondissement de Paris. C’est là qu’il est décédé le 1er mai peu avant midi, après avoir été identifié par ses proches, prévenus la veille au soir.

Une enquête de l’IGPN est ouverte.

Alors que la presse sénégalaise confirme assez rapidement l’identité de la victime, la presse française ne la nomme pas, la qualifiant seulement de « vendeur à la sauvette ». Le processus habituel de déshumanisation consistant à qualifier les faits d’accident, à ne pas mettre un nom sur la victime, puis à lui faire porter la responsabilité de sa mort, est déjà en route…

Les désaccords au sein de la famille sur les suites à donner à l’affaire sont dés lors utilisées par les autorités et le consulat du Sénégal pour étouffer l’affaire et s’arranger pour que le corps d’Ismaël soit rapatrié au plus vite au pays, empêchant toute expertise légale permettant d’établir les vraies causes de sa mort.

Des proches et soutiens qui ne se laissent pas intimider par les pressions politiques et se soucient d’apporter la lumière sur ces nouvelles violences policières appellent à manifester le vendredi 11 mai 2018 à 17h00 au métro Saint Philippe du Roule.

Pour Ismaila Bokar Deh (ou Ismaëla Deh),  ni oubli ni pardon.

 

 

 


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