Liu Shaoyao avait 56 ans. Le 26 mars 2017 vers 20 heures, il est à la maison avec sa famille et prépare à dîner. Il découpe du poisson avec un ciseau de cuisine, quand on frappe à sa porte. Les agents sont de la BAC en civil, il ne sait pas alors qu’il s’agit de policiers.

L’équipe de police aurait été appelée par des voisins disant avoir entendu des cris à l’intérieur de l’appartement des Shaoyao. A leur arrivée sur place, les policiers disent avoir entendu des cris et des pleurs derrière la porte, qui les auraient décidé à la casser. Ils prétendent que Liu Shaoyao aurait alors foncé sur eux armé de ciseaux et aurait blessé l’un d’entre eux à l’aisselle, avant de s’apprêter à le frapper une seconde fois au visage, justifiant le tir d’un de ses collègues, qui l’a tué sur le coup en le touchant au thorax. Ils évoquent donc, comme toujours, la légitime défense.

La famille quant à elle insiste sur un point important : ils ne savaient pas s’il s’agissait de policiers ou d’agresseurs. Ils n’ont vu que leurs armes, mais aucun signe distinctif permettant de les identifier comme policiers. C’est la raison pour laquelle l’une des filles de Liu n’a pas ouvert la porte, mais a laissé son père le faire.

Dans les jours qui suivent, des manifestations massives auxquelles participe une très grosse proportion de la communauté chinoise ont lieu dans la capitale et dans d’autres villes, entraînant plusieurs affrontements avec les forces de l’ordre. C’est aussi l’occasion pour la presse et les commentateurs racistes de diffuser toutes sortes d’analyses scabreuses sur les chinois et sur la victime elle-même, désignant Liu Shaoyao comme un « fou », souvent « alcoolisé », qui a pour habitude de « déambuler dans les couloirs », « frapper aux portes des voisins » et « crier »… Si les enfants de la victime admettent que leur père a fait un séjour en psychiatrie et qu’il parle fort, ils refusent qu’on parle de « différends familiaux ». Salir la victime est un exercice facile lorsque la personne n’est plus là pour se défendre et que ses proches sont sous le choc. Ces derniers ont d’ailleurs du déménager à plusieurs reprises pour échapper au harcèlement des journalistes.

Le 29 mars 2017, la famille de Liu organise une conférence de presse en présence de ses avocats. Les proches de Liu sont défendus par Me Yasong Lin, Me Pierre Lumbroso, Me Calvin Job, Me François Ormillien et Me Fillola.

Le 5 avril 2017, le Parquet ouvre une information judiciaire contre X pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, par une personne dépositaire de l’autorité publique », alors que les avocats des proches attendaient une qualification d’homicide ou de meurtre. A cette date, le policier auteur du tir n’est toujours pas convoqué.

Rassemblements en hommage à Shaoyao Liu le 30 mars sur les places de la République et de la Bastille.

 

 

Photos des manifestations pour Liu : Taranis News

 


Lire ailleurs :