Print Friendly, PDF & Email

“Mes cheveux sont noirs comme la nuit, mes yeux noirs comme des hiboux” – Babacar Guèye, 2015

Babacar avait 27 ans. Danseur de salsa, musicien. Il a quitté le Sénégal en 2012, avant de rester bloqué en Espagne pendant deux ans. Il a finalement rejoint sa soeur en septembre 2015, trois mois seulement avant sa mort.

affiche_babacargueyeDans la nuit du 3 au 4 décembre 2015, Babacar Guèye se trouve dans l’appartement d’un ami, rue Guy Ropartz à Rennes, avec qui il passe la soirée. Dans la nuit, il est pris d’une crise mystique, mêlée d’angoisse, au cours de laquelle il semble vouloir s’exorciser d’esprits qui le tourmentent. Il effectue des pas de danse rituels et prononce des incantations en wolof, tout en s’égratignant le bras et le ventre avec un petit couteau. Son ami tente de l’apaiser, ce qui fonctionne dans un premier temps, puis échoue finalement lorsque Babacar l’éloigne en le blessant au bras.

L’ami de Babacar appelle les pompiers, qui arrivent en même temps qu’une ambulance et deux voitures de police, dont une est de la BAC. Lorsque Babacar les aperçoit, il est pris de paranoïa, mais ne fait pas preuve d’agressivité si l’on donne du crédit aux déclarations postérieures de son ami. Il apparaît plutôt anxieux, ne comprenant pas l’intervention de policiers (rappelons, parce que ce n’est pas anodin, qu’il est sans papiers). Son anxiété rappelle celle d’Amadou Koumé quelques minutes avant sa mort, le 6 mars de la même année à Paris.

Quand les policiers de la BAC surgissent au 6ème étage, Babacar tient toujours son couteau. Son ami est écarté par un policier qui tente un tir de taser sur Babacar, mais échoue avant de se replier dans les toilettes. Ses collègues ne semblent pas être en mesure d’évaluer la situation et restent dans les escaliers.

Malheureusement, toujours selon la version officielle, Babacar continue d’avancer. Il n’a pas tous ses esprits, répète inlassablement “Pourquoi ?” tout en s’avançant vers les policiers qui se trouvent sur les marches en amont de l’appartement. Un policier tire une première fois, blessant Babacar à la cuisse. Au 9ème étage, les policiers tirent à cinq reprises. Alors qu’il est gravement blessé, les policiers lui passent les menottes.

Le personnel médical arrive à ce moment. Dans l’incapacité de le réanimer, ils constatent son décès vers 4 heures.

Voila comment un appel au secours aboutit sur la mise à mort de la personne en détresse, ou comment les policiers maîtrisent une personne en détresse à coup de pistolet.

La soeur de Babacar, Awa, porte plainte le 4 décembre 2015 pour homicide volontaire. Evidemment, la double enquête menée conjointement par la PJ et l’IGPN évolue à charge contre la victime et conclue à la légitime défense des policiers.

Les policiers diront qu’il était agressif et qu’il a tenté de les tuer, mais leur plainte pour tentative d’homicide n’est pas recevable : on ne porte pas plainte contre un mort.

En juillet 2016, l’avocat de la famille, Me Abdoulaye Barry, accède enfin au dossier, mais aucune juge d’instruction n’est désigné.

Mais la famille ne lâche pas. Un an après, une manifestation réunit 400 personnes dans le quartier de Maurepas.


Site du collectif VERITE ET JUSTICE POUR BABACAR GUEYE

Email: justicepourbabacar@gmail.com

Facebook : https://www.facebook.com/Collectif-Justice-pour-Babacar-Gueye-226457124387938/?fref=ts


REVUE DE PRESSE :

http://www.streetpress.com/sujet/1459871556-babacar-Gueye-5-balles-police-rennes

http://www.cases-rebelles.org/toutes-a-rennes-le-3-decembre-pour-babacar-gueye/

http://www.jeuneafrique.com/346546/societe/abattu-par-police-babacar-gueye-accuse-de-tentative-de-meurtre/

Un an après la mort de Babacar, vérité et justice se font toujours attendre…

http://www.afrique-sur7.fr/13803/senegal-france-lavocat-de-babacar-gueye-brandit-lhomicide-volontaire/