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Adama Traoré avait 24 ans. Le mardi 19 juillet, c’était son anniversaire.

Alors qu’Adama marchait avec son frère Baguy dans les rues de Beaumont-sur-Oise, des gendarmes surviennent pour interpeller ce dernier. Sorti sans ses papiers, Adama prend la fuite.

Rattrapé et frappé à la tête, il est placé dans un fourgon de gendarmerie.

On ne sait pas ce qu’il se passe dans le fourgon, mais quand son frère arrive menotté à la gendarmerie, il aperçoit le corps de son frère sans vie, posé à même le sol.

Le procureur Yves Jannier s’empressera évidemment de déclarer qu’Adama est mort d’un arrêt cardiaque, suite à une “grave infection touchant plusieurs de ses organes”. Il ajoutera également qu’il est mort suite à un “malaise durant le trajet”, mais qu’il n’y a “pas de traces de coups”.

Comme toujours, un jeune en pleine forme meurt d’un arrêt cardiaque juste au moment où il est entre les mains des forces de l’ordre. La version policière ne tient pas.

Dans les heures qui suivent la mort d’Adama, les quartiers de Boyenval (Beaumont sur Oise) et de Persan s’embrasent et des affrontements ont lieu avec les forces de l’ordre.

A la maison d’arrêt d’Osny, 81 détenus refusent de rejoindre leurs cellules en fin de promenade et après avoir mis le feu à des draps, en réaction à la mort d’Adama, certains portant sur leurs tee-shirts des slogans à sa mémoire. Les ERIS mettent fin à la rébellion des détenus vers 22h30 et deux “meneurs” sont transférés ailleurs dans la foulée.

Le 22 juillet, entre 2000 et 5000 personnes participent à une marche blanche dans les rues de Beaumont-sur-Oise. La marche alterne moments de recueillements et moments de colère. Des slogans sont lancés : “pas de justice, pas de paix”, “justice pour Adama”, “C’est la dernière fois, qu’ya un de nos frères qui tombe”, “je suis Adama”…

Le soir même, des policiers et des gendarmes viennent interpeller le frère d’Adama à domicile.

Les jours suivants, des manifestations et rassemblements sont organisés dans plusieurs villes : Lyon, Limoges, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Toulouse (22 juillet), Nantes (23 juillet), Strasbourg, Troyes (24 juillet), Lille (27 juillet), Grenoble (28 juillet), Paris Gare du Nord,  Le Havre, Dijon, Montpellier, Bruxelles (30 juillet)…

Le 26 juillet, une nouvelle autopsie est réalisée à l’institut médico-légal de Paris, mais la famille demande déjà une contre-autopsie indépendante par le biais de son avocat, Me Frédéric Zajac. Conseillée par d’autres familles de victimes, elle ne compte pas se fier qu’aux experts désignés par la Justice.

L’affaire n’en restera pas là. De nombreuses personnes sont déterminées à ce que ces crimes ne se poursuivent pas impunément.