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Le jeudi 26 mai, après la dispersion d’une manifestation contre la Loi El Khomri, un cortège spontané (manif sauvage) se forme sur le cour de Vincennes et évolue vers la Porte de Vincennes. Là, les CRS et les Compagnies d’Intervention tentent de disperser la foule en distribuant gaz et coups de matraques. Au niveau du 2 de la rue du Général Niessel, un premier groupe d’une dizaine d’agents des Compagnies d’Intervention interpelle un manifestant et l’isole de la foule en le maintenant derrière les grilles de l’immeuble. La foule s’agglutine et scande sa libération. Une seconde équipe de 5 agents des Compagnies d’Intervention les rejoint. A ce moment, ils ne font l’objet d’aucune attaque de la part des manifestants, mais le premier policier du groupe jette néanmoins une grenade de désencerclement (DBD) vers la foule à sa gauche, sans regarder où il l’envoie. Une seconde et demie plus tard, la grenade explose sur la chaussée. Les morceaux de la grenade (plots en caoutchouc et cuiller en métal) sont propulsés aux alentours, blessant une femme à la jambe et percutant gravement Romain Dussaux au niveau de la tempe gauche.

L’ensemble de la scène est filmée par plusieurs caméras : par Taranis News (vidéaste indépendant, pionner d’un nouveau type de webreportage “engagé”), par Russia Today (média russe pro-poutine – à partir de 5 heures et 19 minutes), par LDC News (vidéaste indépendant proche de l’extrême-droite), sur le périscope de Rémy Buisine (périscopeur à temps complet) ou encore sur le Twitter de Loïc Gazzar (étudiant en sciences politiques, journaliste amateur).

Romain Dussaux, scénariste de 28 ans, s’écroule immédiatement. Il est secouru par des manifestants et des street medics, tandis que les policiers retranchés au pied de l’immeuble continuent de lancer du gaz sur la foule. Des agents de la BAC s’en prennent également aux manifestants qui entourrent la victime. Il est finalement évacué et apparaît souriant au moment d’être placé dans le véhicule de pompiers. Des gendarmes entrent dans le camion avec lui.

Le jour même, Romain Dussaux est plongé dans un coma qui durera une semaine. Il souffre d’une fracture temporale, d’un enfoncement de la boîte cranienne et d’un oedème cérébral.

Rappelons que les projectiles propulsés par la grenade lors de l’explosion partent à une vitesse de 126 km/h. Voir notre article sur les grenades de désencerclement.

 


Voir l’article des Inrocks repris par mai68.org