LES SYNDICATS POLICIERS, C’EST QUOI ?

Les syndicats droitiers Alliance et UNSA Police, entre autres organisations de policiers, s’illustrent depuis des années par leur agressivité et leur cynisme, ainsi que leurs agitations médiatiques viriles et autoritaires.

On les connaît notamment pour leur militantisme en faveur de l’impunité et de l’arbitraire policier. A la suite de la mort d’Amine Bentounsi, exécuté d’une balle dans le dos à Noisy le Sec le 21 avril 2012 par le policier Damien Saboundjian, mais également de celle de Rémi Fraisse, tué à Sivens dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014 par une grenade de guerre lancée à l’aveugle par le gendarme Jean-Christophe Jasmain, et enfin celle de Cédric Chouviat, mort à Paris le 3 janvier 2020, étranglé lors de son arrestation, les syndicats majoritaires de la police n’ont cessé de battre le pavé pour défendre corps et âme leur droit à demeurer juges et bourreaux, c’est à dire à appliquer le droit de mort sans avoir à craindre de représailles judiciaires.

Les milices armées de l’État français obtiennent désormais tout ce qu’elles exigent : anonymat des PV, présomption de légitime défense, dotations massives en véhicules de pointe et en armements quasi-létaux, généralisation des moyens de surveillance et de fichage, restriction des libertés publiques et judiciarisation du maintien de l’ordre, peines incompressibles et délits spécifiques, contournement des conventions de protection des droits fondamentaux…

Animés par un instinct revanchard, misogyne et xénophobe, ces syndicats ont en effet démontré à de nombreuses reprises que leur principale préoccupation est de favoriser l’arbitraire policier et de garantir une totale immunité aux policiers les plus violents, mais aussi à salir les victimes et à s’acharner publiquement sur les personnes dénonçant ces violences.

Après chaque exécution extra-judiciaire (la peine de mort a été abolie dans le texte, mais elle ne l’est pas dans les faits : chaque crime policier constitue une application sans jugement de la peine de mort), les porte-paroles policiers sont systématiquement les premiers à s’exprimer sur les conditions ayant entraîné la mort, alors que l’enquête préliminaire n’est même pas aboutie, que le procureur ne s’est souvent pas exprimé et que ceux-ci ne sont pas censés avoir accès au dossier. Les syndicats policiers légitiment ainsi publiquement les alibis des agents impliqués, transformant les mensonges en vérité incontestable et dictant à l’autorité judiciaire la version officielle à valider.

Lors des rares procès où comparaissent des policiers auteurs de violences, leurs syndicats mobilisent leurs troupes pour intimider les parties civiles – ainsi que les juges et les jurés – en imposant leur force virile dans l’enceinte des cours de justice, sous couvert de soutien à leurs collègues…

Les syndicats policiers agissent en mafia.

CE SONT LES SYNDICATS POLICIERS QUI GOUVERNENT

Véritable État dans l’État, les syndicats policiers abusent de leur statut pour exercer une pression et un contrôle permanent sur le pouvoir exécutif, toute en menant des actions d’intimidation et de menace pour contraindre le pouvoir législatif à adopter des lois leur garantissant toujours plus de pouvoir et d’impunité.

Les simagrées du sinistre et dégoûtant Darmanin sont la démonstration de cette connivence et de l’inféodation de l’appareil d’État à son bras armé. Le ministre de l’intérieur, qui semble être passé à côté de sa carrière de policier (et a manifestement un véritable problème psychologique relatif à sa virilité), ne manque en effet pas une occasion de prêter allégeance aux forces de l’ordre, comme lors du rassemblement devant l’Assemblée Nationale du 19 mai 2021 ou plus récemment lors de la provocation réactionnaire des syndicats UNSA et Alliance à la Bourse du Travail de Paris, les 7 et 28 septembre 2022.

Et c’est là que notre communiqué, plutôt que de dénoncer une énième fois le caractère totalitaire du pouvoir républicain et de ses forces prétoriennes, fait le choix politique de montrer du doigt la lâcheté et les connivences écœurantes des partis et syndicats de gauche, qui par leur affligeante impotence, ont laissé les syndicats de police et l’arbitraire policier s’installer durablement dans la société.

UNE GAUCHE DELABREE ET COMPLICE DU TOTALITARISME

La provocation policière fasciste qui s’est déroulée ce 28 septembre 2022 dans la salle Ambroise Croizat de la Bourse du Travail de Paris, en présence du ministre de l’Action Française, est non seulement une humiliation pour les syndicats de gauche et communistes censés gérer ce sanctuaire des ouvrier-e-s organisé-e-s, mais également un affront de la part de ces mêmes forces de gauche, qui dans leur impotence sont bien incapables de soutenir comme il se doit nos camarades victimes de violences policières, mutilé-e-s, ainsi que les classes populaires opprimées au quotidien par les forces de l’ordre.

Depuis des années, les centrales CGT et FO ont activement participé à l’atomisation des forces ouvrières et révolutionnaires, mais également à la contre-insurrection qui se joue depuis des décennies sans qu’aucun syndicat ne prenne véritablement la mesure des enjeux liés à la répression et aux violences policières. On se souvient de la CGT expulsant les travailleurs sans-papiers de la Bourse du Travail en juin 2009, mais aussi des nombreuses violences exercées par FO-Police dans les services d’ordre des manifestations syndicales, et notamment lors de la révolte contre la Loi Travail (ex : le 17 mai 2016 à Paris, place Denfert Rochereau). On se souvient des violences sexistes et antiféministes du SO de la CGT (ex : 12 septembre 2017 à Paris). On se souvient également de l’incapacité des syndicats à se mobiliser contre l’état d’urgence, moment pivot dans l’histoire contemporaine, et qui a achevé de détruire ce qu’il restait de garde-fous démocratiques face à l’arbitraire policier. Et on n’oublie pas la création scandaleuse de CGT-Intérieur et de Sud-Intérieur, véritables alliances contre-nature, ainsi que les connivences lamentables de la gauche d’appareil avec les transfuges policiers du groupuscule VIGI-Police, mais également les nombreuses fois où les syndicats n’ont pas soutenu les mouvements sociaux, campés sur leurs agendas politiques opportunistes et catégoriels, laissant les manifestant-e-s seules aux mains de la répression d’État. Et la société en prise à un dangereux glissement totalitaire.

Il est bien loin le temps où les syndicats et partis de gauche débrayaient pour protester contre la mise à mort de manifestant-e-s par la police parisienne, comme lors de la tuerie du métro Charonne en février 1962.

UNSA a servi de cheval de Troie pour introduire des organisations d’extrême-droite à la Bourse du Travail, révélant du même coup sa propre inclination vers le totalitarisme et l’incapacité des syndicats de gauche et révolutionnaires a empêcher l’entrisme policier dans leurs organisations.

Nous attendons des syndicats gérant la Bourse du Travail qu’ils émergent de leur torpeur libérale et participent à dénoncer le totalitarisme en marche.

Nous attendons des syndicats gérant la Bourse du Travail qu’ils déboulonnent le buste d’Ambroise Croizat et renoncent à parler au nom des forces révolutionnaires et anticapitalistes, plutôt que de livrer leurs espaces de lutte à des organisations de droite pour planifier leur putsch.

Les auteurs de ce texte ne sont pas de cette gauche misérable, et n’avaient plus tant d’illusions dans le syndicalisme flasque, mais il y a des limites à l’indécence et à l’humiliation.

Syndicalistes, faites le ménage chez vous !