« Le type fait des pieds et des mains pour incarner l’ordre et la précision, et, quand il l’ouvre, c’est pour tirer de travers ».

Le type en question, c’est Didier Lallement, préfet de police de Paris depuis mars 2019. Et l’auteur de cette petite phrase (Le Canard enchainé, 8/04/20) n’est autre que le Premier ministre Édouard Philippe. À l’origine, la fameuse sortie de Lallement, le 3 avril, devant les caméras de télé à propos des personnes en réanimation pour cause de covid-19 : « Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui, au début du confinement, ne l’ont pas respecté, c’est très simple, il y a une corrélation très simple. »

D’autres hauts fonctionnaires du même grade se seraient faits limoger pour moins que ça. Un préfet de police est programmé pour griller comme un vulgaire fusible au moindre court-circuit avec l’exécutif. Lui, c’est même « un vrai paratonnerre » (Le Monde, 23/02/20). Après cette saillie, il garde toute la confiance du trio Macron-Philippe-Castaner. Le président a tenu à faire le savoir : c’est lui qui a demandé au préfet, le jour même, de s’excuser platement (« Je regrette d’avoir tenu ces propos, je comprends les réactions qu’ils suscitent et je présente mes excuses »). À vrai dire, ce petit manège du préfet gaffeur recadré par le grand sage (bad cop / good cop) n’est qu’une diversion. Monsieur le préfet joue son rôle à la perfection. Ses écarts de langage font partie du scénario. Le paratonnerre n’a pas encore fait son temps…

Dans la préfectorale, on apprend avant toute chose à faire acte d’allégeance. La compétence première n’est pas la soumission mais l’obséquiosité — savant mélange de servilité et de bassesse —, tout en sachant avilir et humilier ses propres subordonnés, comme le ferait un monarque face à ses sujets.

Lallement a de quoi se sentir redevable. Il doit sa fonction de prestige à de bons vieux pistons politiques. Il n’a passé aucun concours, ne sort pas d’une grande école ou de l’ENA (parfois, ça devient une qualité). C’est ce qu’on appelle un « préfet hors cadre », que l’on peut désigner sans autre formalité qu’un décret validé en conseil des ministres. Sa casquette, il l’a obtenue pour « services rendus » grâce à un ministre, en l’occurrence Jean-Pierre Chevènement, premier flic de France entre 1997 et 2000, pour lequel Lallement fut l’un des conseillers techniques. En 2014, même passe-droit : il devient conseiller à la Cour des comptes au « tour extérieur » — terme consacré pour désigner une nomination arbitraire et politique — qui permet surtout de s’assurer une belle retraite qui s’ajoutera à celle de préfet.

Curieux d’ailleurs que son CV long comme le bras ne mentionne pas ses faits d’armes à la Cour de comptes. Son curriculum mentionne sa nomination comme « conseiller-maitre » (premier grade) en 2014, et celle de « président de section » en 2017. Mais il reste muet sur son détachement à la Société du Grand Paris. Il y présidait la commission des appels d’offres. Et en 2017, un audit a émis de sérieux doutes sur la régularité de passation des marchés (Marianne, 25/03/2019).

« Le Monde » écrit la légende

Didier Lallement est un pur produit de la méritocratie triomphante, celle qui récompense le zèle, l’agressivité et la subordination. Méprisé, mais efficace et loyal, comme Benalla. Né en 1956, il était programmé pour devenir épicier ou manager — après le BAC, il suit les cours d’une école de commerce privée plutôt bas de gamme (ISG – Institut supérieur de gestion) et obtiendra plus tard un DESS de « droit des collectivités locales ». Dans sa jeunesse, qu’on se le dise, Didier est une graine de gaucho ! C’est en tous cas la légende qu’il se construit grâce au journal Le Monde, dans un long portrait mielleux (23/02/20) :

Pour le « petit banlieusard » de la région parisienne, la vie étudiante – il est inscrit à l’École supérieure de gestion [erreur c’est l’ISG] –, c’est d’abord « la découverte de l’intelligentsia ». Ses parents sont, en effet, « des gens modestes qui n’avaient pas le bac », confie-t-il. Son père est représentant de commerce (« on a déménagé 18 fois »), sa mère a fini « chef des caisses de La Samaritaine ». »

Beau comme du Zola ! C’est lui aussi qui « révèle » avoir fait partie, quand il était étudiant, du CERES, le micro-parti du même Jean-Pierre Chevènement — Didier Lallement est si fidèle. Parait qu’il fréquente aussi à cette époque la loge maçonnique du Grand Orient (qui fut dirigée plus tard par un certain Alain Bauer, autre aficionados de Chevènement), levier toujours très efficace pour faire marcher l’ascenseur social.

Dans l’entretien accordé au Monde, le journal le fait passer comme un humaniste incompris : « En 1984, en soutien à la révolution sandiniste, Lallement s’était rendu au Nicaragua : comme une partie de l’extrême gauche, le CERES y envoyait les jeunes aider à résister à l’impérialisme américain. » Et même pour un antimilitariste : « Jusqu’à la guerre du Golfe, en 1991, Didier Lallement a sa carte du PS » — sans que l’on sache si les deux faits sont liés.

Dans la même séquence on apprend que Didier Lallement n’a pas fait son service militaire. Shocking ! Plutôt incongru lorsqu’on prétend incarner l’ordre et la force. Attention séquence émotion offerte par Le Monde :

« Pourquoi donc n’avoir pas « fait » l’armée, plutôt qu’une école de commerce ? Faute de guerre. Les trois générations qui l’ont précédé ont eu chacune la leur. Son arrière-grand-père a combattu en 1870, son grand-père en 1914 (…), son père durant la seconde guerre mondiale. L’imaginaire de Didier Lallement est peuplé de fantômes. « Verdun, Chartres… Il y a des ossements de Lallement partout, même en Italie. »

Il n’a pas fait son service « faute de guerre » ? Curieux alibi — que le journal du soir s’est empressé de ne pas relever. On ne saura pas si c’est pour raisons de santé, pour dérangement psychique (P3 ou P4 ?), ou tout simplement par piston. Ou les trois à la fois.

Aide de camp du Maréchal Juin

Tout porte à croire que ce passé de tire-au-flanc fait tâche. Il va très vite se rattraper. Sa guerre à lui, elle est civile. Il se la construit lui-même dans sa petite tête. Il aime que chacun-e reste dans « son camp » — pour ne pas dire dans sa classe. C’était le 17 novembre 2019, au lendemain de l’acte 53 des « gilets jaunes », place d’Italie. Interpellé par une habitante du quartier qui se dit gilet jaune, il lui balance, avec tout le tact qu’on lui connaît : « Eh bien, nous ne sommes pas du même camp, madame ! »

L’effet diversion marche à fond. Pendant que toute la presse commente ce fait d’armes, Castaner a le champ libre pour enfiler la tunique de « good cop ».

Si Lallement s’est emporté, c’est que les insurgés de l’acte 53 ont commis une véritable profanation : s’être attaqué à une stèle érigée place d’Italie en l’honneur du maréchal Juin, présenté comme un héros militaire de la 2ème guerre mondiale. Car le préfet dit avoir un oncle mort à Monte-Cassino, la fameuse bataille en Italie de 1944 sur laquelle repose la légende du maréchal Juin.

Pourtant, pas la peine de se lancer dans une longue investigation pour comprendre qui était Alphonse Juin. Sa fiche Wikipedia, qui cite ses courses, le présente comme « pétainiste et antigaulliste », un temps « envisagé par Vichy comme ministre de la Guerre ». Fervent défenseur de l’Empire français, il a même servi au Maroc en 1924 sous les ordres conjoints, excusez du peu, de Pétain et de Franco [1]. Avant de s’illustrer en Italie aux côtés des Alliés en 1944, Juin est resté fidèle à Vichy lors du débarquement en Afrique du Nord (novembre 1942). Ce n’est que contraint qu’il retournera sa veste pour jouer ensuite au héros à Monte-Cassino. Voilà le « camp » du préfet Lallement.

Chef des matons

Didier Lallement a passé les années 80 à grenouiller dans la petite administration, celle de la commune d’Épinay-sur-Seine (93). Il intègre son premier ministère en 1988 (chef de cabinet – sorte de super intendant), à la Jeunesse et sports. Il entre dans la préfectorale par la petite porte : sous-préfet (Essonne, 1990), poste que l’on peut obtenir par « promotion interne », ça tombe bien. Ses trois ans passés comme conseiller de Chevènement au ministère de l’Intérieur (1997-2000) vont donc le propulser dans la cour des grands. Son premier poste de préfet en 2000 (dans l’Aisne) ne durera pas un an. Il est alors appelé à diriger l’Administration pénitentiaire (AP).

Ce poste de maton en chef, il le prend comme une mission divine : prouver son dévouement indéfectible à la loi et à l’ordre — surtout l’ordre. Il sera maintenu au changement de pouvoir change en 2002 quand Sarkozy entre à l’Intérieur et Perben à la Justice. Très rare qu’un directeur d’administration soit maintenu à son poste après une alternance politique. Didier Lallement ne va pas décevoir son nouveau « camp ». Il applique avec zèle le « programme 13200 » (2002), soit autant de places de prisons supplémentaires offertes au secteur privé. C’est lui qui met en musique (2003) la création des Équipes régionales d’intervention et de sécurité (ÉRIS), les flics anti-émeutes des prisons françaises, des clones du GIGN équipées d’armes de poing et semi-automatiques (Glock 17, Remington 870, HK G36), comme de LBD, tasers ou grenades de désencerclement. Lallement adore les symboles, les breloques et les colifichets [2]. Il crée ainsi la « médaille d’honneur de l’Administration pénitentiaire » (2003) — qu’il va lui-même accrocher à son costard en quittant son poste : normal — et interviendra pour rénover uniformes, drapeaux ou écussons de la grande maison panoptique. Depuis 1995, il existe bien un « musée des prisons » (Fontainebleau), inconnu et délaissé : Lallement décide de l’ouvrir au public en 2003.

Autant d’actions qui redorent l’image du maton et ancrent la fonction dans un esprit plus martial que policier. « Moi, ce qui m’émeut, c’est le drapeau tricolore qui flotte au vent, le visage des hommes et des femmes qu’on passe en revue… », a-t-il dit au Monde. En avouant avoir un faible pour la Légion étrangère, dont il cite à l’envie le « code d’honneur ».

Une invention de Lallement : les brutes des prisons, les ERIS | Capture d’écran BFMTV
Une invention de Lallement : les brutes des manifs, les BRAV-M | © Thomas SAMSON

Le préfet cogneur

Tout ce zèle guerrier séduit le garde des Sceaux Dominique Perben. En 2004, ce dernier « supplie Sarkozy » pour nommer Lallement préfet dans son fief, la Saone-et-Loire. Puis Perben reconvoque Lallement pour bosser à ses côtés dans un autre ministère (2005-2007). Tout cela pour arriver à la consécration : la nomination grand calife de la « PP » de Paris, « le Graal de la préfectorale », s’extasie le journal. Quand Macron vire Michel Delpuech et cherche un remplaçant — après le savoureux épisode du Fouquet’s en flammes le 16 mars 2019 —, c’est ce chiraquien pur sucre qui propose son protégé pour le poste. « L’histoire était restée secrète », claironne Le Monde :

Nous sommes le samedi 16 mars 2019. Dominique Perben rentre chez lui, près de la place de l’Étoile. Excédé. Une nouvelle fois, c’est l’émeute dans son quartier. La tenture du Fouquet’s, la fameuse brasserie des Champs-Élysées, a pris feu. Vers 19 heures, l’ancien ministre de la justice, un RPR devenu macroniste, dégaine son téléphone et envoie un message sur le numéro privé du chef de l’Etat. « Monsieur le Président… » Comment, avec les hommes qu’il a, peut-il rétablir l’ordre ? Deux minutes plus tard, petit bip, message : « Qui voyez-vous ? » (…) Ce 16 mars 2019, sur son téléphone, Perben glisse donc un nom à Macron : « Lallement ».

À vrai dire, l’intéressé avait déjà soigné son CV durant les quinze mois précédents. Après deux ans au ministère de l’Intérieur (secrétaire général, 2012-2014), puis trois ans à la Cour des comptes, son nouveau point de chute, cet homme d’action s’ennuie à mourir et finit par renouer avec la préfectorale, parachuté en Nouvelles-Aquitaine fin 2017. Les manifestants gilets jaunes l’ont payé cher, notamment à Bordeaux.

Deux rapports copieux de l’Observatoire girondin des libertés publiques (OGLP) l’attestent [3]. C’est la doctrine Lallement qui y est ainsi magistralement déconstruite. C’est même difficile d’en sortir des extraits, tant sont innombrables les exactions commises sous son autorité. Les brigades de « voltigeurs » (BRAV-M) sont apparus officiellement en aout 2019 lors du G7, et partout en France lors de manifs en février 2020. À Bordeaux, Lallement les a lâchés un an avant, en janvier 2019 (de leur petit nom les « Pelotons voltigeurs mobiles »).

Ainsi, sur une vidéo tournée en direct par un manifestant le 9 février, des policiers à moto ont de manière volontaire très légèrement percuté un manifestant. La réaction de ce dernier le conduit à injurier le conducteur du véhicule, ce qui lui vaut ensuite une poursuite par les policiers à pied et à moto, un tir de flashball, puis une arrestation. Cette scène montre que même à petite vitesse, même sans qu’aucune blessure apparente ne soit à déplorer du fait du véhicule, la police à moto met les manifestant·es dans une situation de danger. » (rapport 1, page 18)

Ainsi se conclut le premier bilan de son action à Bordeaux (novembre 2018 – février 2019), dont le bilan lui est intégralement imputable :

Malgré des manifestations nombreuses et récurrentes ces dernières années à Bordeaux, dont certaines n’étaient pas déclarées, aucune n’a fait l’objet d’un traitement policier à ce degré de gravité. (…) La préfecture de Gironde soutenue par le Gouvernement s’est enfermée dans une logique d’affrontement qui sera difficile à remettre en cause sans des actes forts (…). Les effets de la stratégie du maintien de l’ordre auront des conséquences durables voire irréversibles sur de nombreuses personnes, au niveau tant physique que psychologique.

Sur 36 témoignages de blessé-e-s, l’OGLP a dénombré, selon les armes en cause (sans parler des lacrymos) :

– Grenades : 2 mains droites arrachées nécessitant une amputation complète de la main ; 1 blessure sur les jambes par des éclats de verres et de bouts de métal ; 1 traumatisme de la face, fracture du nez, narine droite sectionnée, hématome à la lèvre supérieure ; (…) nombreux éclats incrustés dans les jambes

– LBD-40 (sur 26 témoignages): 11 tirs à la tête : deux yeux perdus, multiples fractures, plaies ouvertes aux yeux, nez, joues, dents, un trauma crânien avec hémorragie cérébrale, etc.(…) ; 1 bras cassé ; 4 tirs sur le pied ou cheville (avec fracture, entorse, etc.) ; 2 tirs dans le mollet, muscle nécrosé, plus aucune sensibilité ou greffe de peau nécessaire ; 2 comas, 2 fractures multiples à la main, 1 fracture d’un testicule nécessitant une ablation (…).

– Lorsque ces blessures ont été faites, les personnes essayaient de se protéger ou de quitter la manifestation ou encore essayaient de « fuir » la zone pour se mettre à l’abri. Nombre d’entre-elles ont été touchées alors qu’elles étaient de dos et ne présentaient pas de danger immédiat pour les policiers ou gendarmes à l’origine du tir. (rapport 1, pages 30-32)

Lallement débarque à Paris pour appliquer et même renforcer ses méthodes de choc. Objectif : « mater gilets jaunes et black blocs dans la capitale », reprend la presse en chœur. Quelques mois plus tard, quelques grands flics de la PP ont osé défier le grand chef en allant cafter dans la presse pour dire tout le mal qu’ils pensent de la « doctrine Lallement ».

En l’occurrence, comme Castaner l’a dit le 20 mars en intronisant le nouveau préfet : « Une stratégie de mobilité, de réactivité, de contact, d’interpellations. En assumant, oui, les risques que cela comporte ». Il est question d’une réunion du 20 septembre 2019, veille d’une grande manif GJ et Climat, « en présence d’une vingtaine de personnes parmi lesquelles des commandants de police, des commissaires et des officiers, il est « clairement indiqué que l’on doit “impacter” les groupes » » (Mediapart, 7/02/20). Une doctrine jugée par certains grands chefs comme « contraires à la législation ainsi qu’à la réglementation en vigueur ». 

La suite des observations reste tout aussi préoccupante : « À plusieurs reprises, la PP a ordonné des manœuvres d’encagement, consistant à fixer l’adversaire. Ceci contrevient aux dispositions légales et réglementaires. » (…) « L’encagement ou la nasse, précise une source proche du dossier, se font souvent en fin de manifestation pour procéder notamment à des interpellations. Il s’agit de fixer c’est-à-dire immobiliser dans un lieu, une rue ou une place fermée et quadrillée par des policiers. Mais ainsi qu’il est précisé dans le document de la gendarmerie nationale, « il convient dans toute opération de maintien de l’ordre de laisser une échappatoire à l’adversaire ». Or, selon le modus operandi du préfet, les manifestants sont parqués, « encagés » sans issue de sortie et les grenades de gaz lacrymogène y sont souvent massivement utilisées.

La doctrine Castaner / Lallement : frapper vite, frapper fort. Ici, la « prophylaxie antigauchiste » selon les Compagnies d’Intervention | © AFP
La doctrine Castaner / Lallement : dépasser le « traumatisme Malik Oussekine ». Ici, chasse à l’homme sous les proches par les BRAV-M | © Nnoman

Pour mater la meute, il n’y a pas que la nasse et la castagne qu’affectionnent le préfet de police. C’est tout simplement insultant de lire ses confidences sur le LBD, qui a fait des dizaines de blessés graves en manifestations depuis sa prise de fonction. « Dans le secret de son bureau, susurre la journaliste, envoutée, Didier Lallement désapprouve, par exemple, l’emploi du controversé lanceur de balles de défense (LBD) lors des opérations de maintien de l’ordre ». Pour lui ce serait même « une arme du faible au fort » (sic). « Certains l’ont même entendu parler d’ »arme à la con » ». Insultant et dégueulasse : tenez-vous bien, M. le préfet a sa petite idée sur l’origine des nombreuses blessures à la tête durant son règne en manifestation : « la vitesse du projectile est inférieure à celle du son et pousserait la cible à se baisser en entendant la détonation ». Insultant et grotesque : il se cache derrière la consigne du ministre, mais le LBD comme les grenades explosives, il arrivera toujours à les justifier : « Pour ne plus utiliser le LBD, il faudrait que ceux qui manifestent le fasse de façon un peu plus pacifique. » (BFM, 20/09/19).

Pas étonnant qu’un autre de ses modèles, outre le sinistre maréchal Juin, soit « le Tigre », surnom de Georges Clémenceau, le ministre de l’Intérieur des années 1900 qui n’hésita pas à faire feu sur une troupe d’ouvriers en grève. Les personnes mutilées, traumatisées, choquées et intoxiquées par la « doctrine Lallement » n’oublierons jamais. Ce petit personnage ne pourra cacher à personne la réalité de son bilan, sans aucun doute le plus sanglant de tous ses prédécesseurs. Ça mériterait même une petite décoration.

1. Ayant écumé dans les années 20 les garnisons coloniales (Maroc, Tunisie et Algérie), Alphonse Juin participe à l’écrasement de la rébellion du Rif dans le Nord du Maroc (1924/25). Guerre impérialiste dans laquelle Pétain (pour l’armée française) et Franco (pour la couronne espagnole) font cause commune pour massacrer les Riffains, à coups de bombardements massifs et d’armes chimiques. À Monte-Cassino en 1944, la chair à canon qu’il a sous ses ordres sont tous des « indigènes » d’Afrique du Nord, qui subiront des « pertes énormes » (dixit De Gaulle, dans ses mémoires !). Après le conflit, Juin devient une sorte de Calife de France au Maroc (1947-1951), et se prononcera contre son indépendance en 1955. Il finira sa carrière 4 étoiles au service de l’OTAN. Et militera jusqu’à sa mort pour réhabiliter Pétain en réclamant le transfert de ses cendres dans une nécropole militaire près de Verdun

2. Son CV affiche une collection ridicule de distinctions diverses, d’Officier de la Légion d’honneur à « médaillé de l’aéronautique ». En revanche, soit c’est un grand blagueur soit un vulgaire usurpateur : par quel miracle, et sur quels critères, a-t-il obtenu le Mérite agricole (!), les Palmes académiques (!!), et surtout le grade de « Chevalier des Arts et des Lettres » ? WTF ?!.

3. Rapport 1 : « Une politique d’intimidation » (17 nov 2018 – 16 fév 2019). Rapport 2 : « La politique d’intimidation continue » (16 février – 16 mai 2019). À retrouver sur le site http://oglp.org.