Quand Fiorina Lignier a perdu son oeil en raison d’un tir de LBD 40 en plein Paris au cours de l’acte IV de la révolte des Gilets Jaunes (8 décembre 2018), chacun-e s’est ému-e de cette nouvelle mutilation, nous les premier-es. Elle était l’une des premières femmes, jeune de surcroît, à se faire éborgner par la police. Pas la seule, les cas de Maud Caretta et Fatouma Kebe étant assez éloquents. Dans les semaines qui ont suivi, elle est devenue très vite l’icône des violences d’Etat : son jeune âge et son innocence supposée en ont fait une martyre du peuple en gilets jaunes.

Pourtant, très rapidement nous avons été alertés sur ses appartenances politiques. Militante amiénoise avec son petit ami Jacob du mouvement universitaire néo-fasciste La Cocarde, fondé en 2015 à Assas (et par là digne descendante du GUD et soeur-jumelle des saloperies fascistes comme l’UNI, le MIL ou encore le Bastion Social) pour porter la réaction contre les luttes étudiantes progressistes de gauche, elle soutient la théorie du « grand remplacement » et lutte pour la « remigration », combats chers à tou-tes les racistes européen-nes nostalgiques des défilés au pas et en uniformes noirs, bruns et vert-de-gris du siècle dernier.

On essaye toujours de prendre contact avec les personnes mutilées par la police quand c’est possible mais concernant Fiorina, on avait fait le choix de l’ignorer. On s’est juste contenté de la laisser figurer dans nos listes des personnes mutilées (1 et 2).

Dés le 27 décembre, on apprend par la presse que la solidarité envers Fiorina lui a rapporté 50 000 euros, une somme faramineuse qu’aucun-e autre blessé-e n’a pu réunir en plus d’un an, quand bien même iels auraient occupé pour certain-es le paysage médiatique pendant plusieurs semaines. Par le même article de France 3, on découvre que cette cagnotte a été initiée par Damien Rieu, leader du mouvement Génération identitaire qui au même moment faisait l’objet d’un reportage hallucinant et salutaire de la chaîne Al Jazeera, mettant en lumière la violence sociale raciste de ce mouvement néo-fasciste qui se cache sous les apparats d’un gentil réseau de jeunesse solidaire du peuple français. La photo illustrant l’article de France 3 vient de la page Facebook de Damien Rieu, qui est également l’auteur du site « Français de souche » (cette entité décérébrée qui croit que l’arbre et sa souche ne tirent pas leurs racines de tous côtés pour exister et survivre).

Très rapidement, la loghorrée raciste de la jeune amiénoise vient à son tour inonder les réseaux sociaux et les médias, celle-ci ne cessant de mettre en concurrence un « peuple français » imaginaire et celui issu de l’immigration récente, regrettant une disproportion fantasmée (elle inverse totalement la réalité, dans la même logique que celle qui prétend qu’il existe un racisme « anti-français ») dans l’usage de la force à l’encontre des « manifestant-es français-es » d’une part et des « arabo-musulmans » d’autre part, ces derniers semblant à ses yeux mériter mutilations et mises à mort si l’on accorde du crédit à ses inepties nationalistes.

Soit dit en passant, Fiorina reconnait dans sa dernière sortie médiatique : « Certes, je suis issue de l’immigration, mais ma mère vient du mauvais côté de la Méditerranée » (elle oublie que le racisme s’en prenait indistinctement il y a un peu plus d’un siècle aux portugais-es, italien-nes, polonais-es, etc. : comme quoi l’identité nationale est modulable à souhait pour les ignorant-es de son accabit). On va y revenir.

En mai 2019, on apprend qu’en plus d’avoir des idées nauséabondes, elle trahit les principes du mouvement des Gilets Jaunes auquel elle croit appartenir, en se présentant comme colistière d’une liste aux élections européennes. Cette liste, « Ligne Claire » (à force de se croire plus blanc que blanc, on en devient translucide) est menée par Renaud Camus, l’un des principaux idéologues de la théorie du « Grand Remplacement », et Karim Ouchikh, avocat d’origine Algérienne (catholique) et fondateur du SIEL qui prône lui aussi le renvoi en Afrique de tous les immigré-es (le pauvre harki a oublié d’où il vient). Révisionnistes comme il se doit, ils comparent l’immigration en Europe à la colonisation et prônent le « départ des colons » (n’importe quoi), balayant d’un revers de main simpliste toute une analyse des rapports de domination et une compréhension fine de l’histoire du monde.

Lire à propos de cette liste et de Fiorina l’article documenté de La Horde : Européennes, ça se bouscule à l’extrême droite (2) : “La Ligne Claire” de Renaud Camus

Mais, de la faute à pas-de-bol, une photo de la candide candidate Fiorina agenouillée sur une plage au pied d’une croix gammée dessinée dans le sable mettra fin à cette belle aventure « sauce Troisième Reich », amenant Renaud Camus à désavouer sa liste aux européennes en qualifiant sa colistière « d’adolescente attardée » (Bim ! C’est pas nous qui l’avons dit). Du même coup, son allié Damien Rieu à l’origine de la cagnotte qui lui a rempli les poches, mais aussi Gilbert Collard, l’avocat proche de Marine Le Pen dont il est l’assistant parlementaire, la désavouent à leur tour.

Quand le fascisme désavoue le nazisme, on aura tout vu ! La liste Ligne Claire maintient néanmoins sa candidature aux européennes (c’est drôle comment des souverainistes adeptes du Frexit se précipitent pour avoir leur place dans les institutions européennes…l’opportunisme n’a pas de couleur politique).

Dans une interview donnée à une obscure association souverainiste qui tient un blog intitulé « Nous sommes partout », Fiorina s’explique ainsi :

Vous avez subi le déferlement des médias contre vous avec l’inévitable reductio ad hitlerum pour le dessin d’une ado potache, dessin représentant une croix gammée et pris en photo sur une plage. Cela ne ressemble-t-il pas  à un deuxième tir destiné à vous abattre psychologiquement et politiquement ?

FL : Je me suis engagée aux européennes sur une liste contre le Grand Remplacement, le système ne peut accepter de telles idées. Les médias se sont déchaînés pour me faire taire et salir les Gilets Jaunes par la même occasion en tentant de les associer au nazisme. Accusation sans fondement évidement, et comme vous le dites avec le but de m’abattre politiquement. Mais au-delà, il faut bien se rendre compte que pour les médias, un dessin effacé par la marée en 5 minutes est plus important qu’une jeune fille innocente qui perd un œil. Tous les grands médias ont parlé de ce dessin, alors qu’ils se sont montrés bien silencieux pour la perte de mon œil, drôles de priorités…

C’est amusant de voir la manière dont la candide Fiorina s’en prend aux « Grands médias » en tentant de minimiser un acte revendicatif fasciste, alors même que plus récemment (l’adolescence est donc passée) on la retrouve sur un cliché photographique pris dans un train aux côtés de fiers camarades qui font le salut romain :

En novembre 2019, Fiorina fait à nouveau parler d’elle, avec la publication de son bouquin « Tir à vue » aux éditions « Via Romana » (on n’invente rien : les références à la Rome Antique ont toujours été centrales dans l’idéologie fasciste, à commencer par le salut romain, les faisceaux de licteurs, etc.). Le sous-titre indique « La répression selon Macron ». On ne veut même pas savoir quelle analyse historique Fiorina porte sur le maintien de l’ordre, mais ce n’est certainement pas à l’image de cette réalité coloniale que décrivent à longueur de temps de nombreuses personnes véritablement informées sur les violences d’Etat (on vous invite ici à lire nos articles sur l’histoire coloniale du maintien de l’ordre : 1, 2, 3, 4). Non Fiorina, tout n’a pas commencé avec ta blessure en décembre 2018.

Par la même occasion, elle remet une couche sur les sites complotistes Agora Vox et Boulevard Voltaire (fondé par le maire de Bézier Robert Ménard, qui s’illustre régulièrement par son fascisme zélé) en qualifiant la révolte des Gilets jaunes de mouvement de « vrais français », elle qui admet par ailleurs être issue de l’immigration (c’est l’hôpital qui se fout de la charité). Evidemment, dans sa complicité crasse, le Parisien lui fait la part belle en mettant sur le même plan son livre et le témoignage d’autres blessés qui n’ont pas eu ce privilège de récolter 50 000 euros en deux semaines et de publier un livre qui se vend 20 euros en librairie.

Fiorina et son livre

En mars 2020, soit quatre jours avant le confinement obligatoire, Fiorina prenait la parole lors d’un rassemblement devant l’ambassade de Grèce à Paris en « solidarité avec le peuple grec » (comprendre : en soutien aux fascistes qui jouent les auxiliaires de la police européenne pour arrêter à la frontière les victimes de la guerre en Syrie). Son imbécilité l’empêche certainement de se placer du côté des victimes (mutilées ou en deuil pour un certain nombre) de la guerre, plutôt que du côté des milices armées.

QUAND « L’ADOLESCENTE ATTARDEE » ENFONCE LE CLOU

DANS LA TETE DES AUTRES VICTIMES

Mais venons-en à sa dernière prouesse médiatique, qui surpasse de loin ses crottes de nez précédentes, à savoir sa prise de position dans un article du 8 avril 2020 intitulé « Fiorina et Adnane : selon que vous serez Français de souche ou Afro-musulman… » et publié sur le site Polemia, dont nous ne mettrons pas le lien ici, de peur de véhiculer le virus du fascisme à l’intérieur de notre site.

On va reprendre une à une les citations de ce plaidoyer inepte et raciste, en tentant d’y apporter notre réaction :

 « Rappelons ce qui m’est arrivé : acte IV des Gilets jaunes, 8 décembre 2018, je suis sur les Champs-Élysées au bras de mon compagnon Jacob pour manifester. » […] « la police charge en faisant usage de grenades et LBD 40 (anciennement flashball), mais au lieu de tirer uniquement sur les casseurs, elle vise la foule pacifique. »[…]

Désarmons-les – Fiorina, est-il utile de te rappeler que cette foule pacifique que tu as totalement fanstasmée (tu te souviens de ce qu’il s’est passé le 8 décembre, où tu faisais du tourisme ? ) est en réalité une révolte populaire qui a pris au cours du mois de décembre des formes insurrectionnelles, mêlant en son sein des personnes de toutes couleurs politiques (et de toutes couleurs de peau, ne t’en déplaise), motivées avant tout par une aspiration à la liberté et/ou à plus de justice sociale ? En crachant sur les « casseurs », tu craches sur celles et ceux qui ne se retrouvent pas dans une approche réformiste de la lutte pour leurs droits et libertés. Etudiante en philosophie, tu devrais d’abord t’initier à l’histoire et revoir les formes prises par les révoltes des Maillotins, des Jacques, des Karls, des Tuchins, des Rustauds ou encore des Pitauds, tu serais surprise de voir tant de casseurs dans l’histoire de ton doux pays. Nous, on les appelle « insurgés » ou « révolutionnaires », ça évite de reproduire les discours classistes du Pouvoir. Par ailleurs, il est navrant de constater que tu es la dernière personne de ce pays à ne pas faire la différence entre le Lanceur de Balles de Défense et le pistolet Flash Ball (ah oui, tu ne sais peut-être pas, mais ce dernier était essentiellement utilisé dans les banlieues où tu n’as certainement jamais mis un pied).

« Je n’ai pas la chance de vivre dans un territoire perdu de la République ou un « quartier populaire » (comprenez évidemment une banlieue de l’immigration) » […] « Mais soyez rassurés, si la République ne s’occupe pas de moi, quand il s’agit d’extra-Européens, la justice sait se montrer à la fois rapide et efficace.«  […] « Le Parisien me fait plaisir : alors qu’il avait fallu attendre plus 40 jours pour qu’ils s’intéressent à mon cas, là ils sont rapides. En seulement trois jours, oui trois jours, ils ont recueilli le témoignage d’Adnane pour dénoncer ces « violences policières ». » […] « La République sait quand même se montrer efficace avec ceux qu’elle chérit… » […] « Je constate une justice à deux vitesses. Pour des Afro-musulmans, le système est très souvent là, en particulier pour réparer les blessures causées par les policiers (légitimement ou non, ils ne s’embarrassent pas de cette question). Par système j’entends dans ce cas : les médias, l’IGPN, la justice, les associations « antiracistes »… Tous ont accouru, et ont rapidement apporté de la lumière sur cette affaire. » […] « Mais quand il s’agit de Gilets jaunes, soyons claire, la différence n’est pas le gilet ou l’âge, mais la race. Donc quand il s’agit de Français de souche, là le système (les médias) cache les choses »

Désarmons-les – Fiorina, tu peux ravaler ta jalousie, car on t’a menti : ces territoires ne sont pas perdus, ils sont occupés par la police en permanence depuis Pasqua et Sarkozy, ce qui provoque bien souvent des altercations entre ses habitant-es (jeunes et moins jeunes, et pas forcément étranger-es) et la police, qui y assure la domination des corps par des contrôles quotidiens, accompagnés d’humiliations et d’injures racistes, de coups et de violences. Le terme « banlieue de l’immigration » ne veut rien dire : là encore, un peu d’histoire ne te ferait pas de mal. On appelle banlieue les espaces d’une ou plusieurs lieues (unité de mesure) relégués en dehors des villes et soumises au commandement du seigneur (aujourd’hui l’Etat). Les « extra-européens » dont tu parles sont aujourd’hui pour beaucoup français ou européens, comme toi qui est née d’une mère étrangère. Et contrairement à ce que tes fréquentations racistes t’ont glissé à l’oreille, la majorité des cas de mutilations par la police, que les victimes soient françaises ou étrangères, blanches ou de couleur, ne font l’objet d’aucune diligence de la part des médias ou de la justice. Si dans certains cas le procureur et les médias réagissent vite, bien souvent ces affaires sont oubliées au bout de deux semaines, puis classées sans suite dans un silence assourdissant. Et effectivement, le critère de race a de l’importance quand on est confronté à un système structurellement raciste, mais pas comme tu te le représentes. Quand Calimero se fait arracher l’oeil par un policier, Calimero croit que c’est parce que les policiers n’aiment pas les oisillons ridicules avec une coquille d’oeuf sur la tête…

« En parcourant ce qui porte le nom de « grande presse » (on se demande ce qui lui reste de grand, les financements publics peut-être ?), je tombe sur un article relatant une blessure due à un LBD 40, un « jeune » qui a perdu un œil […] « Adnane qui n’avait rien fait s’est fait tirer dessus sans AUCUNE raison et a perdu l’usage de son œil. Il raconte tout ça dans l’article. Il y a juste un point que je ne comprends pas dans son témoignage : « L’arme pointée sur le visage, Adnane prend peur et court dans le sens inverse “et c’est là qu’il m’a tiré sur le visage” ». Cet homme court-il à reculons ? Si le policier vise son visage et qu’il se met à courir « dans le sens inverse » comme il le prétend, il aurait dû être touché au dos.« 

Désarmons-les – Personne dans ce pays n’utilise le terme « grande presse ». Par ailleurs, cette presse « mainstream », possédée par des magnats le plus souvent, est financée par la publicité et des fonds privés. Et si tu es si méfiante de la presse, il est totalement contradictoire de ta part d’accorder autant de crédit à leur version – policière – des faits (comme dans ton affaire, soit dit en passant). Et par décence, les collectifs comme le nôtre ne se permettent jamais de mettre en doute la parole d’une victime, JAMAIS ! De toute l’histoire des violences policières, tu es la première victime à dénigrer une autre victime, ce qui te rend détestable. Si tu veux t’engager dans la police qui t’a éborgné pour mener l’enquête, libre à toi, tu y constateras peut-être la manière dont se construit l’impunité au profit des policiers violents.

« Notre « jeune » est conduit pour être opéré dans le même hôpital que moi, peut-être passe-t-il entre les mains du même chirurgien ? Vous savez, depuis l’épisode des Gilets jaunes, les chirurgiens sont habitués à ce type de blessure maintenant, ils ont eu quelques cas pour s’entraîner avant lui… Après trois jours passés à l’hôpital, voilà notre garçon dehors. Et puis, à Paris, ils sont rapides (ou certains ont des privilèges ?), il a déjà eu son rendez-vous avec le médecin légiste. Lui n’attendra pas un mois ! Ce dernier a pour rôle de déterminer les ITT (interruption temporaire de travail) qui serviront à évaluer la gravité de la blessure lors d’un possible procès. 120 jours pour Adnane. Je me dis que j’ai mal lu, sûrement 12 jours. Ah, non, non, non, c’est bien 120 jours. Tout à fait étonnant, ce chiffre. Il passe trois jours à l’hôpital, j’en passe seize ; il a eu le plancher orbital fracturé, j’ai eu, en plus du plancher orbital, le nez et toute la face gauche fracturés (sans oublier mon traumatisme crânien), mais lui a 120 jours et moi seulement 30. Je ne comprends pas vraiment ce qui justifie une telle différence, médecin légiste incompétent ou privilège ? »

Désarmons-les – Alors non, Fiorina, on ne peut pas décemment parler de « privilèges » à tout va pour justifier sa jalousie. Par ailleurs, non, les collectifs comme les nôtres qui accompagnent des victimes de mutilations par armes de police savent très bien (contrairement à toi, qui affirme dans le vent) que très peu de services hospitaliers sont préparés à ces blessures considérées comme des « blessures de guerre » : en région parisienne par exemple, tu remarqueras que les blessés graves sont rappatriés depuis les services d’urgences initiaux pour être pris en charge toujours par les mêmes hôpitaux dotés de services spécialisés. Il est d’ailleurs totalement indécent de comparer tes ITT à ceux d’Adnane (qu’est-ce que ça peut bien te foutre ?!). Si tu n’étais pas pêtrie de rancoeur jalouse, tu te réjouirais plutôt que dans le cas d’Adnane, pour une fois, l’ampleur du préjudice est un tout petit peu mieux prise en compte que d’habitude et qu’une vidéo est là pour contredire la version du tireur, ce qui n’arrive quasiment JAMAIS (mais pour le savoir il faut d’abord se pencher sur toutes les autres affaires que la sienne, n’est-ce pas?)

« Je continue la lecture de l’article du Parisien. Que ne lis-je pas là au détour d’un paragraphe : « J’aurais préféré qu’on me tue plutôt que de me laisser des séquelles à vie. » Pour être franche avec vous, oui, j’ai aussi eu ces pensées. Mais au bout d’un an de souffrances quotidiennes (rien ne dit qu’il va traverser ça), jamais à l’hôpital, bien au contraire, j’avais une envie de vivre plus forte que jamais. Quand on passe à côté de la mort, on prend conscience pleinement de la fragilité de la vie, et on n’a pas envie de mourir même avec un œil en moins, bien au contraire. Je ne lui reproche pas de le penser, cependant un homme n’a pas à s’épancher de la sorte dans les médias (surtout quand on nous vante la « virilité » des hommes de cette communauté). »

Désarmons-les – Est-il utile de préciser que ta situation sociale joue également dans les formes que prend le traumatisme. Quand on est un jeune issu de l’immigration et de classe sociale défavorisée, on ne vit pas les choses de la même manière que quand on est une étudiante de province bien entourée, engagée dans un mouvement social fort et bénéficiant d’une solidarité massive. Par ailleurs, ta phrase entre parenthèse atteint le paroxysme de l’ineptie, puisqu’on ne voit pas bien pourquoi les hommes devraient s’interdire d’être sensibles et de faire part de cette sensibilité publiquement (la sensibilité, dans ce monde fait de machisme idiot, est un atout, pas un défaut). Quant à cette virilité dont tu parles, elle est avant tout un préjugé ou un fantasme raciste qui s’appuie sur le virilisme (oui, virilité et virilisme, ce sont deux choses différentes) des oppresseurs et se traduit par des violences castratrices envers les personnes de sexe masculin d’une autre communauté que la leur. En d’autres temps, cette virilité fantasmée était attribuée aux italiens, comme à l’époque où les racistes comme toi les ont tué à coups de pelle à Aigues-Mortes…

« Les journalistes du Parisien, silencieux avec les Gilets jaunes blessés, ne laissent pas tomber Adnane ! »

Désarmons-les – Haha ! Alors là chapeau ! Le syndrôme du complot. On t’invite à rechercher « blessure gilets jaunes » ou « violences policières gilets jaunes » ou encore « LBD gilets jaunes » dans Google Actualités, et tu retireras très rapidement cette affirmation absurde.

« IGPN : aucun policier mis en cause pour les Gilets jaunes, pour Adnane, suspension et mise en examen immédiate du policier »

Désarmons-les – Ca arrive, dans des cas très rares. Cela ne signifie aucunement que le policier ne passera pas finalement au statut de « témoin assisté » par un truchement juridique, ou qu’il ne bénéficiera pas finalement d’un « non-lieu » ou d’une relaxe après de longues années de procédures. Par ailleurs, pour ta gouverne, le contexte d’une manifestation impliquant des centaines de manifestant-es et de policiers et celui d’une échauffourée impliquant tout au plus une cinquantaine de protagonistes n’entraînent pas les mêmes processus d’enquête pour l’identification des policiers en présence (on parle ici d’un point de vue purement factuel, puisqu’on sait que la police s’arrange de toute façon le plus souvent pour ne pas identifier ces policiers).

« Pour finir, je ne veux pas dire que ce « jeune » était violent et que le policier a utilisé légitimement son arme. Je n’étais pas là pour voir la scène, je ne suis pas une spécialiste du maintien de l’ordre et du cadre d’emploi de ces armes non létales. Cependant, quand on sait que les policiers préfèrent mourir cramés dans leur voiture plutôt que de blesser des Afro-musulmans qui retiennent les portières, quand on voit que les interventions dans ces enclaves étrangères se font au péril de la vie des fonctionnaires de police – le cas de la policière de Beauvais à qui ils ont fracassé le crâne à coups de pavé la semaine dernière est un bon exemple (et encore, ce n’était pas l’émeute comme dans le cas présenté ci-dessus), quand on se rappelle la condamnation médiatique unanime de la « grande presse » et du pouvoir exécutif lors de l’affaire Théo (qui était en fait un bobard du système), on doute que les policiers utilisent leurs armes de façon immodérée dans ce genre de situation, car ils savent que ça peut très vite dégénérer et qu’ils ne seront soutenus par personne en cas de problème. Je ne veux pas dire que le policier est innocent – la police a un lot de fonctionnaires qui n’ont rien à faire dans ses rangs –, cependant gardons bien à l’esprit que les dernières affaires montées contre la police dans les banlieues de l’immigration étaient bidon (affaire Théo, Adama Traoré…). »

Désarmons-les – Pour finir, Fiorina, on ne veut pas dire que tu étais violente ou que le policier a utilisé légitimement son arme, mais tu dis quand même de la merde. Dans quel enclave endogène et étriquée perdu au milieu de la Picardie es-tu enfermée pour croire que des policiers préfèrent rester dans leur voiture plutôt que de tirer sur des personnes issues de l’immigration ? Nous t’invitons à regarder de près dans quelles conditions précises 15 à 20 personnes perdent la vie chaque année entre les mains de la police. Nous t’invitons également à te rendre aux procès de policiers impliqués pour te rendre compte qu’ils sont très largement soutenus par leur syndicat (Alliance Police Nationale notamment, si proche de Marine Le Pen) et leurs collègues qui investissent en masse les bancs des tribunaux, avant d’être acquittés ou condamnés à des peines ridicules pour avoir détruit des vies. En attendant, Théo est infirme à vie et Adama est mort, donc c’est bien ta tête cachée sous sa coquille de Calimero qui ressemble à un bidon vide.

Nous t’invitons donc à regarder les témoignages de victimes issues des « banlieues » dans le film « A Nos Corps Défendants » qui sera diffusé le 17 avril 2020 à 21h30 en première sur YouTube. Tu pourras toujours mettre un petit pouce vers le bas si tu as encore la décence de dire que les vies brisées des autres valent moins que la tienne…

Désarmons-les soutient les blessé-es, mais pas n’importe qui et pas à n’importe quel prix ! Le fascisme, c’est comme le COVID-19, on l’élimine ou on en crève.

La réponse de Mélanie, blessée d’Amiens, à Fiorina :