Cédric était livreur, 48 ans, père de 5 enfants. Le 3 janvier, à l’angle du quai Branly et de l’avenue de Suffren (7 ème arrondissement de Paris), il est contrôlé à scooter par une unité de police comprenant quatre policiers.
Ceux-ci affirment a posteriori que Cédric téléphonait au volant et qu’il se serait montré « irrespectueux et agressif » envers eux lors du contrôle. Version policière confirmée immédiatement par Le Parisien, torchon de préfecture bien connu pour avaliser systématiquement et au cours des premières heures les déclarations de la police.
Ce que plusieurs témoins ont vu et filmé ressemble à un litige ordinaire entre les policiers et Cédric, au cours duquel ce dernier filme avec son téléphone le contrôle dont il fait l’objet. Les images de son téléphone serviront donc, on n’en doute pas, de pièce à conviction. Ce que l’on voit sur les images rendues publiques, c’est qu’à aucun moment Cédric n’exerce de menace physique envers les policiers. Il se contente de bouger de droite à gauche en les filmant.
Finalement, il est mis au sol par les policiers, qui lui appliquent deux techniques d’immobilisation souvent contestées : le plaquage ventral et la clef d’étranglement. Notons qu’il porte encore son casque de moto.
Les témoins affirment qu’il a alors présenté des signes d’épuisement, la police disant pour sa part avoir remarqué que son visage était devenu bleu (N.B. : ce détail n’est pas anodin, car c’est le signe d’une asphyxie et d’un manque d’oxygénation du cerveau, et non d’un malaise cardiaque). Son cœur s’arrête et il est alors transporté mourant à l’hôpital Pompidou, où il décédera dans les heures qui suivent.
Alors que les autorités martèlent qu’il s’agit d’un « malaise cardiaque », très vite les premiers actes d’autopsie révèlent une « asphyxie avec rupture du larynx ». C’est éloquent.
Dans les heures qui suivent la diffusion des images de l’interpellation de Cédric Chouviat, l’avocat de la famille Arié Alimi lance un appel à témoins qui portera ses fruits, dans la mesure où la mise à mort de Cédric a été vue de nombreux témoins sur place. Dans ces affaires, les vidéos de témoins sont cruciales !
Le 7 janvier 2020, les proches de Cédric organisent une conférence de presse au siège de la LDH en présence des avocats Arié Alimi et William Bourdon, au cours de laquelle son père, prévient « Je suis le père de Cédric Chouviat, et je le dis, on a assassiné mon fils, c’est un meurtre (…) Monsieur Macron : je vais en guerre contre vous, contre votre Etat ».
Le même jour, le procureur Rémy Heitz annonce l’ouverture d’une information judiciaire du chef d’homicide involontaire, ainsi que des investigations médico-légales complémentaires.
Les causes de la mort de Cédric Chouviat, à savoir la fracture du larynx (corne supérieure du cartilage thyroïde) et l’hypertrophie ventriculaire, suivie d’un arrêt cardiaque, sont exactement celles décrites par les experts en médecines concernant les conséquences de la technique dites « clé d’étranglement ».
Lire à ce sujet notre article détaillé sur les techniques d’immobilisation mortelles :
https://desarmons.net/2020/04/08/29683/
Pour conclure, il nous tenait à coeur de contredire la presse mainstream qui faisait de Cédric Chouviat le troisième mort de Castaner : en plus de Zineb Redouane et Steva Maia Caniço, il y a au moins Zakaria Touré, Adam Soli, Fatih Karakuss, Lakhdar Bey, Adam Guinaeve, Ibrahima Bah, pour ne citer que quelques unes des nombreuses personnes tuées par les forces de l’ordre en 2019. Comme souvent, la presse traite la question des meutres policiers dans les quartiers populaires avec mépris et déni…