Voilà donc maintenant 6 ans que j’ai été éborgné suite à un tir de flash-ball d’un agent de la BAC de Montpellier lors d’un avant-match entre Montpellier et Saint-Étienne, aux abords du stade de la Mosson.

6 ans… Et ouais… Encore une année passée sans que la justice ne montre le bout de son nez. Bien au contraire.

En effet, le 15 Mars 2018, la Justice française a prononcé son deuxième non lieu en faveur du policier. Malgré le fait qu’il soit avéré que j’étais assis lors de l’impact, que je ne représentais aucun danger, que de nombreux faux ont été relevés de la part des policiers, c’est bel et bien la légitime défense qui a été retenue en faveur de mon agresseur. Il aurait eu peur après s’en être pris à une personne n’ayant commis aucune infraction et se retrouvant au milieu d’une foule, celle-ci s’indigna, il tira, me blessa et s’en alla. En clair, la Justice a légalisé la bavure…

J’ai donc dans la foulée fait les démarches pour faire un pourvoi en Cassation mais là aussi, « aucun motif de Cassation valable n’a été retenu », c’est donc cette fois-ci au tour de l’État de fermer les yeux…

Au niveau national, il ne me reste donc plus que le Tribunal Administratif. C’est lors de mes voyages entre Paris, Nantes et Rouen, pour rencontrer les autres blessé.e.s du flash-ball et de la police de manière générale, à travers l’Assemblée des blessé.e.s donc, que j’ai appris l’existence de cette procédure.

Pour l’écrasante majorité des blessé.e.s du flash-ball, les policiers s’en sortent indemnes et parfois même avec des mutations favorables et/ou des augmentations de salaire à la clé… Comment, dans ces conditions, éviter la multiplication des tirs et donc des bavures qu’elles engendrent ?

Mais il n’en est pas de même pour le Tribunal Administratif, en effet, peu sont ceux qui ont mené cette procédure, aujourd’hui je n’en connais que trois sur la cinquantaine de blessé.e.s du flash-ball recensés. Il y a Clément, blessé lors d’une fête de la musique à Paris, Guillaume, supporter de Nice, discret dans ces démarches et Pierre Douillard-Lefevre, mutilé en 2007 lors des manifestations contre le CPE et pour l’autonomie des universités, auteur du livre « L’arme à l’œil » – que je conseille vivement – qui ont aujourd’hui mené ces démarches, les trois ont eu gain de cause…

Ce type recours ne se cantonne pas à se demander si le policier avait ou non raison de tirer, si c’est bien lui ou non qui a commis la faute, mais il remet en cause l’État, à travers le préfet et le Ministre de l’intérieur, pour avoir mis des policiers armés dans des situations qui ont causé des dommages irréversibles sur des citoyens ( un mot que je n’apprécie guère mais qui est, en l’espèce, le plus juste ) .

C’est donc contre les armes de la police que ces recours se dirigent, dans ces histoires, c’est contre le flash-ball, mais les blessé.e.s des grenades de désencerclement et de toutes les autres armes de la police peuvent mener ce type de procédure. Nous, Assemblée des blessé.e.s, connaissons des avocat.e.s formé.e.s sur le sujet ; si d’autres blessé.e.s lisent ce texte, ou même les familles de ceux qui ne sont plus là pour le lire – Rémi, une pensée particulière pour toi – vous pouvez nous contacter via le mail de l’Assemblée : assembleedesblesses@riseup.net

Pour info, la prescription dans ces cas de figure est de 4 ans à partir du 1er janvier suivant l’année de de la blessure. Et celle-ci est interrompue lorsqu’il y a une constitution de partie civile et ce jusqu’à la fin de la procédure pénale ou une décision dans le fond de la part d’un.e juge d’instruction.

Pour ma part, l’audience aura lieu le 2 Octobre 2018 au tribunal administratif de Montpellier, celles et ceux qui souhaitent y venir y sont bien évidemment les bienvenu.e.s , j’y serai, avec l’espoir qu’au bout de tant d’années, une juridiction prennent conscience que ce 21 Septembre 2012, il y a bel et bien eu une faute ayant entraîné ma mutilation…

Celles et ceux qui me connaissent vraiment savent que je ne lâcherai jamais, que la volonté de justice qui m’anime est insatiable, que j’irai jusqu’au bout comme on dit ! Je me le suis promis !

Voilà donc pour les dernières informations en ce qui me concerne, certains s’en foutent, peut être que d’autres non, c’est pour cette raison que j’écris ce texte, pour que tous les autres blessé.e.s ou celles et ceux qui se retrouvent encore aujourd’hui face à ces armes, dans les stades, les manif’ et dans les quartiers dit populaires sachent que certains luttent pour que ces drames n’aient plus lieu ! Pour qu’un jour la Justice revive ici et partout où les armées blessent, mutilent ou tuent en tout impunité…

Force à tout.e.s celles et ceux qui résistent, encore aujourd’hui, malgré les propagandes médiatiques toujours plus sécuritaires…

Casti, avec le soutien de l’Assemblée de blessé.e.s !

 


Notre précédent article concernant Casti : https://desarmons.net/index.php/2017/11/30/des-nouvelles-dans-laffaire-de-casti-eborgne-a-montpellier-le-21-septembre-2012/

Entretien long format de Casti : https://desarmons.net/index.php/2016/04/12/entretien-avec-florent-castineira-blesse-a-montpellier-le-21-septembre-2012/