Le mercredi 7 mars 2018 peu avant 21 heures, la BAC de nuit du 94 effectue une patrouille dans la cité des Hautes Noues à Villiers sur Marne. Prétendant intervenir suite à un jet de projectile, les policiers se déploient sur l’avenue Nelson Mandela.
A 21 heures, à hauteur du croisement avec la Rue Léon Bourgeois, Sabrina, une habitante, s’apprête à engager sa voiture sur l’avenue Mandela pour trouver une place de parking. Seule au volant de sa Peugeot 207, elle rentre du travail. Alors qu’elle tourne sur la droite, en face d’elle à gauche, sur le passage piéton situé à douze mètres de son véhicule, l’agent de la BAC Nicolas tire au Lanceur de Balle de Défense dans sa direction. La balle de plastique semi rigide éclate la vitre avant gauche et touche Sabrina sous l’aisselle gauche. Blessée, le véhicule s’immobilise et les policiers, dans un premier temps, se retirent.
Des témoins de la scène interviennent aussitôt et appellent les pompiers. Vers 21h08, alors que les secours ne sont pas encore arrivés, Adama, le mari de Sabrina, arrive sur les lieux. Inquiet pour son épouse et en colère, il invective les policiers, qui répondent de manière disproportionnée en tirant une grenade de gaz lacrymogène dans sa direction, avant de l’interpeller et de l’emmener en garde-à-vue.
A l’arrivée des renforts de police, des habitant-es leur refusent l’accès du véhicule endommagé et prélèvent eux-mêmes la balle de LBD restée à l’intérieur, prenant à témoin l’officier de police présent. Le tireur, Nicolas, admet alors sans gêne et devant témoins avoir effectué le tir.
Transportée par les pompiers à l’hôpital Saint Camille et accompagnée par des proches et des amis du quartier, Sabrina ne sera prise en charge que vers 23h30, après avoir fait un malaise vagal dans le hall de l’hôpital. Le personnel, en sous-effectif et dépassé, ne l’avait même pas placé sur un lit à son arrivée sur place.
Des personnes solidaires apportent des conseils à la famille et aux ami-es sur les démarches à suivre, aussi bien pour Sabrina que pour son mari placé en garde-à-vue. Ils vont certainement porter plainte.
——————————————————-
Rappelons que nous avions rencontré dans le même quartier Ali Alexis, gravement mutilé en 1999 par un tir de Flashball effectué par un agent de la BAC dans des circonstances similaires. Ali rentrait des courses et avait reçu la balle dans l’œil. Éborgné par le tir, sa blessure n’a jamais été reconnue ni indemnisée, et sa plainte avait été classée sans suites.
L’entretien avec Ali Alexis peut être vu ici : https://www.youtube.com/watch?v=hVSbY9hC_G0