Après cinq ans de batailles judiciaires, Casti ne lâche pas l’affaire.

Le 21 septembre 2012, Florent Castineira, dit “Casti”, se trouve à proximité du stade de la Mosson à Montpellier, où se rassemblent les supporters en vue du match Montpellier – Saint Etienne (MHSC-ASSE). Il n’a pas prévu d’être dans les tribunes, mais accompagne ses amis supporters de la Butte Paillade dans les moments festifs qui précèdent chaque matche. Ils sont assis près de la baraque à frites “Chez Tonton” quand un supporter venus de Nice part chercher un fumigène dans sa voiture, qu’il laisse tomber (éteint) à proximité d’agents de la BAC, qui le prennent alors en chasse. L’homme se réfugie dans la foule à moins de 100 mètres de Casti. La BAC, avec la délicatesse que chacun-e lui connaît, débarque au milieu des gens et commence à le frapper, puis à distribuer des coups de matraques aux personnes qui s’interposent calmement, avant de reculer. Ce mouvement de retrait est accompagné d’un lancer de grenade de désencerclement et d’un tir de flashball.

Un seul tir.

Casti n’a pas le temps de se lever de sa chaise qu’il reçoit le tir de flashball dans le visage. Renversé, son globe occulaire éclate sous l’impact et Casti perd immédiatement la vue de l’oeil droit. A la vue de son visage, ses amis pensent alors qu’il a été tué.

Après avoir été évacué par les pompiers au bout de 20 minutes, les supporters présents s’affrontent avec les forces de l’ordre.

Casti porte plainte, défendu par Me Phung et Me Corbier.

Par la suite, le supporter de Nice à l’origine de l’intervention agressive de la BAC est condamné à 18 mois de prison, dont 12 avec sursis, pour “coups et blessures”, plus un mois ferme pour usurpation d’identité, une mise à l’épreuve et une interdiction de stade pour 2 ans, ainsi qu’une obligation de soins et 1600 euros d’indemnité à verser aux agents de la BAC qui ont prétendu avoir été blessés lors de son interpellation. Ce ne sera pas le seul mensonge sous serment des policiers…

Dans les semaines qui suivent, Casti et ses proches organisent une manifestation nationale des ultras de foot, qui réunit 1500 supporters de toute la France, en solidarité avec Casti et pour dénoncer la répression autour des stades. Des banderoles “Justice pour Casti” sont déployés dans les stades lors de matches.

Au cours de l’enquête, des pressions exercées sur les témoins par la police, notamment le tenancier de la baraque à frites “chez Tonton”, entravent la démonstration de la vérité.

Dans un premier temps, le juge d’instruction refuse de visionner les images de vidéosurveillance et l’enquête s’oriente vers un non-lieu, confirmé par le Parquet de Montpellier en mai 2014. Après un passage devant la cour d’appel, l’affaire est relancée par le visionnage de ces images, en présence du policier qui a tiré.

Le 30 août 2016, soit quatre ans après les faits, les images de vidéosurveillance sont exploitées et attestent que les policiers n’ont pas réagi à des échauffourées, mais ont bien tiré avant qu’elles n’aient lieu. Le policier incriminé affirme ne pas être le tireur, prétendant qu’il y a plusieurs tirs. La vidéo atteste du contraire : il est bien le seul tireur et la légitime défense ne tient pas.

Malgré les évidence, en novembre 2017, le policier bénéficie d’un non-lieu.

Le combat continue !

 


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Entretien avec Casti (ICI) :