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Pas surpris que les journalistes, dans leur grande indépendance, se soient focalisés sur les quelques bris de vitre de la manifestation de samedi à Saint-Etienne. Il/elles savaient pourtant, comme tout un chacun, que le weekend était organisé en plusieurs temps, et que la compréhension des enjeux nécessitait de suivre l’ensemble de la programmation. Mais ce n’est pas leur rôle. Leur rôle, c’est de répercuter le discours des autorités…et du Front National (une représentante du parti fasciste a été prise à parti alors qu’elle filmait la manifestation et adressait des doigts d’honneur aux manifestantEs depuis sa moto)

Nos amiEs de Saint-Etienne ont organisé deux jours de rencontre autour de la question de l’armement et de la militarisation des conflits. Le samedi, une manifestation partait de la place Albert Thomas pour rejoindre la cité du Design, où se situait l’ancienne Manufacture d’armes de Saint-Etienne, fermée en 2001 et qui produisait, entre autres, le FAMAS. Interdite par la préfecture, qui ne s’est pas privée d’effrayer la population, distribuant des flyers annonçant l’invasion de la ville par des huns et enjoignant les commerçantEs à fermer boutique, la manifestation a eu lieu quand même, réunissant entre 200 et 300 personnes. Dans l’hyper-centre, des centaines de policiers et gardes mobiles nous attendaient, véhicules et canons à eau garés le long de l’hotel de ville. S’il y a bien une preuve que les manifestantEs n’étaient pas venuEs s’affronter avec les forces de l’ordre, c’est qu’il/elles ont consciencieusement contourné cet absurde dispositif policier et évité d’aller jusqu’à l’usine Verney-Carron, où il/elles étaient fermement attenduEs. De toute façon, la production avait été interrompue pour le weekend : on n’en demandait pas moins.

Contournant l’hyper-centre, la manifestation s’est terminée devant la cité du Design (place de la manufacture d’armes), où une réplique géante d’un Flashball a été enflammée. Peu après, la manifestation s’est dispersée, après la mise à sac du local du parti socialiste. Au regard de toute la violence du pouvoir actuel, ce n’était qu’une faible réponse. Sur l’ensemble du chemin, ce sont peut-être quatre horodateurs, une dizaine de sucettes publicitaires et deux DAB de banques qui ont été abîmés : pas de quoi en faire un plat. Le Capital gémit fort pour mieux cacher les horreurs qu’il nous inflige chaque jour.

Passons.

Après une soirée concerts fort sympathique à la Gueule Noire, toute la journée de dimanche était consacrée à des discussions sur l’industrie de l’armement, le maintien de l’ordre, les violences policières, le colonialisme et l’état d’urgence. Etrangement, plus aucunE journaliste n’était là (si, en fait une seule, de France Inter) pour tenter de comprendre ce qu’il pouvait bien y avoir derrière la révolte exprimée la veille. Entendre ce qu’on a à dire est tellement moins sexy que de faire des grands titres sur deux coups de brise-vitres et trois tags.

On a notamment parlé du complexe militaro-industriel (“industrie du meurtre de masse”), des ventes d’armes (intervention de l’observatoire de l’armement), des contradictions au sein de l’armée et de la police sur les différentes stratégies de maintien de l’ordre (police de proximité VS police d’intervention) et d’enférocement répressif (intervention de Mathieu Rigouste), de l’héritage colonial de l’état d’urgence (intervention d’une personne assignée), de crimes policiers (intervention de Farid El Yamni pour Urgence Notre Police Assassine et de Awa Traoré pour la famille d’Adama, tué cet été à Beaumont-sur-Oise) et de conceptions impérialistes de la justice (intervention du collectif Iskashato, auteur d’un livre sur les pirates somaliens). Notre collectif (Désarmons-les) a également présenté les armements du maintien de l’ordre avec l’équipe de soins autonomes de l’ambulance partisane. Une amie avocate a parlé des “interdictions de manif”.

Il y avait une table du BDS (Boycott Désinvestissement Sanction, contre l’apartheid israélien) et une autre des camarades de Bure (contre l’enfouissement de déchets radioactifs).

Weekend très riche, très bon accueil.


La couverture médiatique très pauvre et très partiale de l’événement :

http://www.zoomdici.fr/actualite/300-miltants-contre-les-armes-a-Saint-Etienne-des-incidents-apres-un-depart-bon-enfant-id154375.html

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/en-images-a-saint-etienne-degradations-lors-d-une-manifestation-anti-police_1843622.html

http://www.leparisien.fr/faits-divers/saint-etienne-de-la-casse-lors-d-une-manifestation-pour-desarmer-la-police-22-10-2016-6240918.php

http://france3-regions.francetvinfo.fr/rhone-alpes/loire/st-etienne-quel-prejudice-apres-manifestation-anti-police-1115047.html

http://www.20minutes.fr/lyon/1947923-20161023-saint-etienne-manif-desarmer-police-donne-lieu-multiples-degradations

https://www.radioscoop.com/infos.php?id=123417

http://www.leprogres.fr/loire/2016/10/22/saint-etienne-200-militants