Sonsenluttes.net est une plateforme d’échange sonore créée par des animateurs de radios associatives, libres et non commerciales au moment du combat contre le passage à la Radio Numérique Terrestre (RNT). Dans un premier temps, le collectif « Radio en Luttes » s’est constitué en 2008 pour coordonner la réflexion et l’action des radios libres qui revendiquaient leur attachement à la bande FM (cf : Les radios libres au crible du numérique). Au-delà de cette réaction pour conserver notre outil d’expression, nous voulions agir concrètement pour être en capacité de relayer les multiples voix du mouvement social et partout où les peuples se soulèvent. Nous avons donc créé, à quelques un(e)s, la plateforme sonsenluttes.net qui permet, sur une base non commerciale, d’écouter et d’échanger des reportages, réalisés principalement par des animateurs de radios libres. Sonsenluttes.net est un outil qui donne prioritairement la parole aux acteurs des mouvements sociaux pour permettre à la pensée critique en acte de se diffuser plus largement grâce au maillage des radios libres implantées sur l’ensemble du territoire (Toulouse, Lyon, Paris, Marseille, …).
Sur notre fonctionnement : Nous avons choisi d’être abrité par Toile-Libre car c’est un hébergeur libre et militant (www.toile-libre.org). Toutefois l’hébergement a un coup qui est, pour le moment, pris en charge par FPP. Nous avons décidé, pour des raisons de cohérence que tous les sons postés sur le site devraient préalablement avoir été diffusés sur la bande FM. Les reportages sont sous licence Creative Commons, c’est-à-dire libres de droits et utilisables, à des fins non-commerciales, par les radios et auditeurs intéressés. Pour que nous puissions savoir si les sons ont été diffusés sur d’autres médias il suffit de le signaler via les commentaires accessibles sur le site après le podcast.
Le contenu : La plupart des documents sonores qui se trouvent sur Sonsenluttes sont des reportages ou des entretiens réalisés avec les premier(e)s concerné(e)s, les sans voix, qui tentent par leurs luttes de transformer leurs conditions de vie et la société qui les génère (Postiers, sans papiers, cheminots, travailleurs sociaux, instituteurs, profs, prisonniers, travailleuses du sexe, habitants, en grève ou occupant des espaces…). Pour donner à comprendre les rapports de force en cours, il nous semble essentiel de partir des luttes, de leurs potentialités subversives et organisationnelles, de leur capacité de remise en question globale du système. Nous privilégions les militants de base pour éviter les discours convenus, vides, « langue de bois », des représentants trop souvent auto-proclamés qui prêchent pour leurs chapelles syndicales, politiques, voire associatives, et cogèrent le plus souvent avec les institutions qui les subventionnent, l’état des choses. Nous évitons les discours « donneurs de leçons » des observateurs des luttes qui loin de vivre les situations qu’ils décrivent se permettent pourtant de donner « le mode à penser ». Dans nos émissions radiophoniques et sur les documents sonores que nous souhaitons partager, nous donnons la parole aux premiers concernés aussi parce que cette parole est inexistante ailleurs. Quand elle se libère, l’espace d’une lutte, elle nous donne à comprendre le système avec une force et une intelligence qui remet en cause le marasme infantilisant et individualiste dans lequel l’État nous maintient. Nous ne pourrions pas penser et agir par nous même ! Ces sommes de récits et d’expériences nous démontrent le contraire, pendant que les médias institutionnels préfèrent voir s’exprimer les spécialistes en tous genres, les experts, les responsables politiques, syndicaux, associatifs ainsi que toutes celles et ceux qui monopolisent la pensée médiatique pour nous décrire l’univers indépassable du système capitaliste, fusse-t-il à visage humain. Toutefois, tous les intellectuels, sociologues, ou auteurs ne sont pas tous des vendus ! Quand leurs recherches nous permettent une meilleure compréhension du monde qui nous exploite, nous contrôle, nous enferme, pourquoi se passer de leurs travaux ? Certains font un état des lieux éclairant même si nous ne partageons pas forcément leurs conclusions. Comme l’entretien avec Hacéne Belmessous (cf : opération banlieue), Loic Wacquant… D’autres inscrivent leurs critiques dans une dynamique de transformation radicale de la société (Jean-Pierre Garnier (cf : Une violence éminemment contemporaine,…), Mathieu Rigouste (cf : L’ennemi intérieur, La bande à Bauer,…) …). Ces réflexions ont trouvé leur place sur sonsenluttes. Même si nous restons circonspects voire virulents concernant les centrales syndicales, nous avons largement relayé des conflits de boîtes déclenchés par des travailleurs syndiqués, ou pas, comme durant le mouvement contre la réforme des retraites ou celui « des contis », porté notamment par la voix de Xavier Mathieu, pourtant responsable syndical CGT (mais pour le coup, pas auto-proclamé et extrêmement critique envers Thibault qu’il traita de racaille). Sonsenluttes a été créé pour mieux partager et analyser ces paroles qui témoignent de l’ébullition sociale malgré la volonté du gouvernement de les cacher ou de les réprimer et de la période, qui pour différentes raisons, est peu propice au développement des luttes. Nous ne pouvions pas savoir en créant ce site s’il intéresserait les auditeurs. La réalité nous montre qu’il a su trouver sa place dans le paysage des médias critiques et indépendants. En effet le son peut être, pour ceux et celles qui n’ont pas les moyens ou l’envie de lire, un média simple, proche et vivant qui permet de s’informer et participer à l’élaboration de la pensée et de l’action collective au même titre que les autres supports. Depuis sa création, des animateurs-trices de différentes radios libres participent à faire vivre le site internet quotidiennement, qu’ils ou elles soient de Radio Canut à Lyon, Canal Sud à Toulouse ou de Fréquence Paris Plurielle à Paris et un peu Galère à Marseille. De plus en plus de sons y sont ajoutés, et depuis deux ans le site n’a jamais été aussi consulté (100 visites par jour).
De la nécessité de se voir pour avancer : A ces débuts, nous envisagions de nous voir régulièrement, tous les trimestres. Même si ce vœux a tenu la première année (une rencontre à Toulouse, Paris, Lyon puis Marseille ), depuis plus d’un an les contributeurs-trices de sonsenluttes.net ne se sont pas rencontré(e)s. Essoufflement ? Manque de conviction dans la nécessité de la parole directe, de la pertinence du travail collectif ? Toujours est-il que les rapports virtuels (par mail ou par téléphone) se sont substitués à l’analyse, aux débats et aux projets construits en commun. Pour coordonner et faire évoluer sonsenluttes, l’équipe des contributeurs-trices de Fréquence Paris Plurielle lance un appel à se rencontrer. Cette rencontre pourrait se faire dans un cadre de questionnements plus large. En effet, au delà des manques spécifiques qui perdurent sur sonsenluttes, une liste est à faire collectivement (Les luttes rurales paysannes y sont quasiment absentes par exemple, les résistances en Europe pas assez présentes, les révolutions arabes trop peu suivies…). L’économie est mondialisée, restons internationalistes ! De plus, quelques radios pirates refont leur apparition sur les ondes, comme Radio ZAD (contre l’installation d’un aéroport à Notre Dames des Landes) et participent à cette dynamique de réappropriation de l’espace médiatique et du combat des radios libres. Il serait intéressant d’analyser quel rôle nous pouvons jouer lors des prochains mouvements sociaux en partant d’un exemple concret, vécu par tous et toutes ; c’est à dire de l’expérience commune de sonsenluttes dans le mouvement contre la réforme des retraites. La radio pour nous est une nécessité, une passion, pourquoi ne pas en profiter pour rencontrer les « radionautes » qui voudraient nous rejoindre sur sonsenluttes et réfléchir collectivement à notre activité ; comment nous la construisons aussi bien intellectuellement que techniquement. Depuis plusieurs années, des rencontres de médias libres se tiennent (comme à Lyon ou à Forcalquier l’année dernière) ou des débats sur les médias alternatifs (comme au FRAP). Curieusement les radios libres ou les animateurs-trices qui construisent des émissions politiques critiques n’y sont pas « invité(e)s » ou du moins n’y sont pas présent(e)s. La radio, expression mineure ! Nous proposons donc de profiter d’un événement sur la critique des médias (festivals, fête d’une radio, ou autre), pour y présenter la plateforme sonsenluttes.net à un public plus large. Nous pensons qu’il est indispensable de se rencontrer pour échanger, décupler nos énergies, manger… Passer un moment agréable quoi !
Nous sommes un regroupement d’animateur-ice-s d’émissions de radios associatives non commerciales et de contributeur-ice-s occasionel-le-s dont les reportages sont diffusés sur ces radios. Nous nous sommes rencontrés autour des luttes contre le passage à la radio numérique et de la création de la coordination Radios en lutte. Sons en luttes est un outil sans porte-parole ni représentant.
Parallèlement à la défense de l’outil radios libres, ce site permet d’en enrichir les contenus en faisant circuler l’information au-delà de notre périmètre de diffusion, de créer des liens entre les différentes réalités de lutte et de mutualiser nos expériences.
Ce site témoigne du dynamisme des radios libres. Il ouvre le champ médiatique monopolisé par les spécialistes et professionnels des médias à la critique sociale en paroles et en actes. Les radios libres défendent leur indépendance, condition de leur liberté d’expression, vis à vis des partis politiques, des syndicats et des pouvoirs économiques.
Ce site permet de constituer une mémoire sonore des luttes. Il favorise en priorité l’expression des acteurs des luttes et de la contre-culture qui nourrissent le mouvement social.
Contact :
actudesluttes@gmail.com