Publié initialement sur : http://owni.fr/2010/11/24/application-flash-ball-15-ans-de-documents-reveles-police-leaks-upian-davduf/

Par | Le 24 novembre 2010

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Ce sont huit circulaires et un mode d’emploi des FlashBall que nous divulguons intégralement et mettons à la disposition de tous. Ce sont neuf documents officiels issus des services internes de la police; neuf notes pour la plupart confidentielles qui disent la place prise progressivement par les «lanceurs de balles de défense» au sein de l’arsenal policier. 1995-2010: quinze ans de stratégie en quelques pages et en… comparatif libre.

De 1995 (première note connue) à 2009 (dernière note faisant foi et loi), tout s’éclaire, s’expose, se révèle: le Flashball, d’abord réservé à des services d’élite dans des cadres d’intervention stricts et particulièrement dangereux, va se généraliser. Et dans les services, et dans les usages (points 1, 2, 3 de notre graphique et onglet «Les cadres d’intervention»).

D’arme de catégorie 4, le Flashball va gagner au fil des années en précision et en longueur de tir pour devenir ce qu’il est aujourd’hui: une arme de catégorie 1 (cf. onglet «Les armes employées»). Dans l’intervalle, l’équipement a changé: du Flash Ball SuperPro, la police est passée au 40×46 Exact Impact. Un monde qui marque la rupture tactique: adieu l’arme dissuasive initiale, voici le temps du Flashball pour tous (cf. onglets «Les cadres d’intervention» et «En savoir plus»).

De circulaire en circulaire, c’est tout ce glissement qui se fait jour; y compris sémantique (cf. onglet «Les circulaires»): en 1995, le flashball est un «fusil»; en 2009 il est un «nouveau moyen de force intermédiaire [mettant] en œuvre l’énergie cinétique d’un projectile à effet lésionnel réduit».

Paradoxe: plus l’arme est généralisée, et son usage élargi, plus elle est soumise à des restrictions et à des réserves. Année après année, bavure après incident, les «doctrines d’emploi» s’allongent, se précisent, racontent ce que les militaires appelleraient des dommages collatéraux (cf. onglet «Les cadres d’intervention», rubrique «restrictions»).

Mais le paradoxe n’est qu’apparent. Ces rappels administratifs dans les usages sont le prix à payer pour la généralisation de l’arme.

Voici les pièces complètes du dossier.
À vous de les comparer.

Précisions
À propos du nombre de lanceurs de balles de défense dans la police
(cf. graphique de l’onglet «En savoir plus»)

Le total du parc 2010 comprend les armes en dotation, celles destinées à la la formation, les armes cassées ou en réparation. On les retrouve principalement dans les Directions départementales de la Sécurité Publique et «anecdotiquement» en Police Judiciaire.

Selon une source policière, le Bureau de l’armement de la police aurait procédé en février denier à un rappel en catimini de la quasi-totalité du parc des LBD 40×46 Exact Impact. Direction Limoges: l’atelier central logistique de la police nationale. Système de visée? Revu. Munitions? Mise en place de projectiles «moins vulnérants, plus souples pour les opérations de Maintien de l’ordre» selon notre source, qui a suivi la révision de près.

À propos des tableaux investissements et dépenses totales (ci-dessus)

Sources :
*Service interne de communication de la police (Ministère de l’intérieur)
*Procédure d’évaluation du LBD 40×46 (non daté, Bureau de l’armement et des matériels techniques de la Police Nationale)
*Rapport relatif à l’exécution sur l’exercice 2005 de la loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure du 29 août 2002 (septembre 2006, n°IGA : 06-064-01 LOPSI, p.75)

Merci au Groupe de travail du 27 Novembre pour sa précieuse aide.

Pour en savoir plus
* Groupe de travail du 27 novembre, groupe d’expertise sur les LBD
* Ministère de l’Intérieur.
* Verney-Carron, fabricant du Flash Ball SuperPro.
* Brugger & Thomet, fabricant du Lanceur 40×46 Exact Impact.

Enquête : David Dufresne [davduf.net]
Design : Fred Bourgeais Upian [upian.com]
Développement : OWNI